Voyage sur l'Eurovélo 6

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ITINERANCE LE LONG DE LA LOIRE
Après un (long) voyage d’une journée en TER, et encore une remarque d’un agent de la SNCF sur le quai à Lyon (« vous savez, tous les vélos spéciaux sont interdits dans les trains, c’est le règlement… Vous verrez avec le contrôleur »), j’arrive à Tours, fondée par Auguste, le premier empereur romain. Quelques kilomètres de pédalage suffisent pour rejoindre l’hébergement Warmshowers du soir, au pied de maisons troglodytes habitées.
Mardi matin, les choses sérieuses commencent. Pour une fois, mon programme de la semaine est déjà déterminé et les étapes planifiées : environ 110 km par jour. Je ne sais pas encore si je vais réussir à l’honorer sur ce vélo. Pour gagner du temps, j’ai prévu de loger en bivouac tous les soirs et d’être en autonomie au niveau nourriture (j’ai la provision nécessaire de lyophilisés, merci à VOYAGER pour ses bons plats). Mais tout cela a son revers : le poids de mes sacoches est trop lourd (plus de 13 kgs), et la stabilité de ce vélo particulier en souffre. La roue arrière bouge de droite à gauche la moitié du temps. Il va falloir s’y habituer, oau délester…
Cette situation va provoquer un incident technique dès le premier jour. Le porte-bagages perd un écrou et se met de travers; une sacoche a failli tomber. Je ne m’en suis pas aperçu de suite. J’ai procédé à une réparation de fortune, et j’ai ensuite pu m’arrêter dans un garage qui m’a donné des écrous de remplacement. Merci à eux, le garage de l’Artrouaillat à Chailles.
Sur la route, un conducteur me double et m’interpelle par sa fenêtre ouverte : « Vous êtes en formation pour Pinder ? »
Premier bivouac dans un pré. Le ciel se lâche pendant la nuit. Tout est mouillé. Heureusement le soleil un peu tardif va effacer ces stigmates.
La Loire à vélo est un itinéraire dont on parle souvent et que j’avais envie de tester. Bien adapté à mon engin qui ne supporte pas les côtes. Mais j'ai été un peu déçu parfois : la Loire, on ne la voit pas tout le temps, il y a des portions monotones (des grands champs de maïs ou des prés), et le revêtement peut être chaotique (en tout cas pour des pneus fins et pleins…). Et puis on nous vante les châteaux : je n’en verrai qu’un seul. Pour les admirer, il faut faire des détours. Je n’en ai pas le temps. Il faudra qu'on revienne en tandem.
Au matin de la deuxième nuit, l’horizon est bouché. Le brouillard s’est invité à la fête et a colonisé toute la région. Le froid s’installe également. 4° quand je mets les pieds sur les pédales. La chaleur ne me dérange pas, mais le froid, c’était ma hantise en préparant ce périple. La nuit a été difficile, car pour limiter le poids je n’ai pas tout l’équipement approprié. Vite, une côte pour me réchauffer ! Le début de parcours vallonné de cette matinée traverse la campagne et les petits villages, avant de rejoindre le bord de la Loire.
Éole se place dans mon dos et va m’aider à progresser plus vite, sous un ciel jouant malicieusement avec les nuages et le soleil. Au troisième jour, je fais une rencontre improbable au milieu de nulle part sur la voie verte : un couple anglais à vélo, qui connaît l’organisation humanitaire que je soutiens dans cette aventure. Le mari, dentiste, avait prévu d’embarquer sur le bateau de Mercy Ships il y a quelques années, mais pour des raisons familiales le projet avait avorté. La dame me promet de faire un don.
Après les vignes, les champs, voici les bêtes. Les vaches (et les odeurs) sont bien présentes dans ces contrées. On a perdu les châteaux pour traverser des hameaux à moitié déserts avec des maisons à vendre, des fermes un peu délabrées. La France profonde, mais authentique.
Le parcours suit principalement la Loire, puis des canaux et des petites routes désertes quand on ne se trompe pas. L’occasion de découvrir le travail des éclusiers qui manipulent encore à la main toutes les fermetures et ouvertures d’écluses à chaque passage de bateau. une dizaine par jour en cette mi-saison.
Je me demande parfois si les cyclistes sont associés à la signalisation vélo. Il faut - pas trop souvent heureusement - savoir interpréter le sens des flèches, voir l’absence de direction.
J’aborde la dernière étape de mon parcours dans le questionnement. Anticipant une portion peut-être difficile, j’ai pris de l’avance la veille en faisant presque 130 km. Aujourd’hui, je vais traverser les monts du Mâconnais, et je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je ne vais pas être déçu. Sur une portion de 30 km, je vais devoir marcher presque la moitié du temps. Les côtes ne sont pas violentes, mais indécentes pour mon Grand Bi. Il dit stop. Il faut trouver le bon moment pour s’arrêter dans l’ascension. Trop tôt, on perd du temps et de l’énergie, trop tard, c’est la chute assurée, car la vitesse n’est plus suffisante pour pérenniser l’équilibre. Un dilemme qui me jouera des tours une seule fois. Par chance, il y avait un talus sur la droite où j’ai pu m’adosser.
Cette partie de la départementale 17 met à mal mon moral. Je m’inquiète pour le train que j’ai à prendre à Mâcon. Alors j’imagine faire du stop. Mais il faut un véhicule adapté. Vu le nombre de voitures qui passent, je risque d’attendre demain. Au moment où j’envisage de déclarer forfait pour les dernières collines - et c’est rare - j’amorce sans le savoir l’issue de mon combat : la descente est là. J’atteins enfin Sainte Cécile, ou une conductrice s’arrête en plein milieu de la chaussée pour me filmer, gênant la circulation. Et par curiosité, elle me demande si je vais repartir. Car comme beaucoup, elle se demande comment on procède pour se lancer sur cet engin.
Je rejoins l’ancien tunnel ferroviaire de Bois Clair, le plus long tunnel ouvert à une voie verte. Je m’expurge de ce boyau humide et froid (11° toute l’année) avec bonheur, me laissant filer doucement vers le TER qui m’attend à Mâcon. Le paysage me rappelle le début du voyage : des vignobles. La boucle est bouclée.
La traversée de Lyon un samedi soir va être épique. La foule des grands jours et deux occasions (manquées heureusement) de me voir refuser la priorité par une voiture et un scooter. Je suis accueilli chez Cathy et Philippe, hôtes CCI qui m’ont accepté en dernière minute. Un grand merci pour leur générosité et leur disponibilité.
Le lendemain, après une rencontre avec des amis et dans une association où je présente mes aventures, je reprends le train pour rallier ma base de vie.
Le trajet retour de la gare à mon domicile (13 km) se fera sous la pluie battante. Heureusement, j’arrive - trempé - à la maison, après 590 km et presque 8 h de pédalage quotidien. Juste un érythème sous la fesse droite. Il était temps de rentrer. On est quand même mieux sur un vélo couché, mais le plaisir est différent…
En attendant, n’hésitez pas à faire monter la cagnotte ! Les enfants malvoyants comptent sur vous… Merci.
Pour les enfants malvoyants

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Mon activité professionnelle s’est déroulée dans le domaine de la production de gospel music (albums, concerts, festivals). En 2011, à 57 ans, malgré une vie professionnelle bien remplie et passionnante, je me suis lancé en parallèle dans des aventures sportives et solidaires et j’ai découvert que rien n’est impossible. Il suffit d’avoir des rêves, d’y croire et de se fixer un objectif. J’ai alors créé l’association Aventure en soliDaire.
J’ai eu le privilège de visiter près de 50 pays. J’anime maintenant régulièrement des conférences-projections sur mes aventures solidaires à vélo et à pied.

4 billets 8 commentaires
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  • Erwan, le 13/10/2021 à 19h58
    Très chouette !
    Le Grand Bi apporte une perspective nouvelle sur un itinéraire bien connu.
    J'espère que ce billet pourra encourager le soutien à Mercy Ships. L'objectif de la campagne est tout prêt d'être atteint.