En cette fin d'été, pour changer des destinations lointaines l’idée est de suivre la Littorale (qui est le petit nom de la véloroute V45) qui va de Roscoff à Nantes, ceci en suivant quoi ? Le littoral évidemment ! C’est loin d’être le chemin le plus court (672 km officiellement) ni le plus plat (pour ça il y a le canal de Nantes à Brest) mais il promet d’être fort intéressant.
Vous trouverez ici le récit de la partie finistérienne, la suite est sur le blog pour le Morbihan et pour le film de ces pérégrinations. |
Étant invité à un mariage le 9 septembre et à un anniversaire le lendemain (le mien), je ne dispose que de 13 jours c’est pourquoi je réduis un peu le truc en partant de Saint Pabu au lieu de Roscoff et en visant Saint Nazaire au lieu de Nantes.
Dès le premier tour de roue je suis crevé, ou plus exactement la roue avant de mon vélo l’est. Ça commence bien ! Juste au bord de l’aber Benoît, qui me nargue sous un ciel fort couvert.
Néanmoins la journée est un régal car cette région des abers est magnifique, tout comme les mignons petits ports de pêche. Ce n’est pas franchement plat, en fait ça monte et descend tout le temps, ça change des Canaux de Bourgogne qu’on vient de parcourir.
Dialogue vécu, dans le joli port de Portsall, avec un monsieur fort intéressé par mon vélo :
A Lanildut il est possible de prendre un petit bac pour éviter de faire tout le tour de l’aber Ildut, mais quand j’arrive c’est l’heure de la pause et la sieste doit être longue ici car il ne reprend qu’à 16h30. Du coup je fais le tour (du coup j'ai raté mon bac, comme en 1974).
Le Conquet, la pointe Saint Matthieu, voici des endroits chargés de souvenirs puisque j’ai habité près de Brest durant une dizaine d’années, et c’est dans ces coins-là que nous aimions aller nous balader.
Rien n’a changé depuis toutes ces années, comme si le temps était resté figé sur des images de cartes postales un peu jaunies. Premier soir, arrêt dans un camping près de Plougonvelin, après 71 km dans les pattes, pour une première journée ce n’est pas si mal.
Par contre s’il y a un endroit qui a changé, c’est bien Brest. La ville a troqué son austérité granitique pour un centre agréable à (re)découvrir. Ceci bien entendu sous un ciel maussade et même quelques averses, sinon ce ne serait plus Brest, faut quand même pas exagérer… J’avais aussi oublié à quel point cette ville est pentue, c’en est à se demander si les aménageurs connaissaient le mot « horizontal ».
À la question qui m’est plusieurs fois posée « Où allez-vous ? », alors que je réponds « Nantes » les gens s’exclament « Ah, par le canal ! », comme une évidence. Ben non, ce ne serait pas drôle alors que c’est si beau sur la côte, et puis après deux semaines de canaux bourguignons on peut avoir envie d’autre chose, non ?
Une fois franchi le pont de Plougastel, ça grimpe allègrement pour redescendre ensuite vers l’autre côté de la presqu’île. Je profite d’un peu de soleil pour faire sécher la tente, ceci dans un magnifique endroit à l’embouchure d’une petite rivière, dommage que ne soit pas encore le soir car ça ferait un superbe endroit de bivouac.
Finalement ce sera une soirée en bivouac tout de même dans le village du Faou, face à la mer. Mais un bivouac de luxe avec des toilettes et des douches, sur un petit terrain de camping transformé en aire pour camping cars ; les gens paient à une borne, la barrière est sensée s’ouvrir et voilà. Comme ladite barrière est bloquée ouverte je pense qu’en fait personne ne paye. En tout cas c’est joli et tranquille.
Bien que le circuit s'appelle "La Littorale" il ne pousse pas le vice jusqu'à passer par Camaret, donc il coupe allègrement à travers la presqu'île de Crozon en passant par Argol. Bonne idée si ce n'est que ça grimpe vachement, ce qui me laisse tout le temps de chanter la fichue chanson "C'est moi qui suis Colargol, l'ours qui chante comme une casserole" (les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, les veinards).
Bien que fort modeste, le village a trois endroits où acheter du pain : Un dépôt de pain, une super petite boulangerie, et une vraie fausse boulangerie... Évidemment je suis allé dans la bonne.
Au détour d'un chemin, une charmante petite chapelle mignonne comme tout et sans doute guère fréquentée. Oubliée de tous même de Dieu ?
Retrouver la côte est un plaisir, d'autant que c'est quand même un peu le but de la manœuvre ; je traverse Douarnenez les doigts dans le nez avec toutefois un petit arrêt au port.
Pfuuuu, c'est sacrément au bout du monde cette pointe là mais qu'est ce que c'est beau ! Il n'y a pas grand monde, les gens sont tous sur la pointe d'en face, autrement plus célèbre.
Entre les deux il y a la baie des Trépassés (charmant nom) ce qui implique une descente de malade (chic !) puis une remontée de fou, mais ça se fait bien. A force de grimpettes, le Finistère fait les muscles.
Alors là, il faut reconnaître que ça en jette, ça envoie du lourd. Même en connaissant les lieux, à chaque fois ça impressionne, on ne s'en lasse pas.
Le parking étant désormais éloigné du site, ça fait marcher les gens et c'est une très bonne chose. À vélo par contre on peut aller jusqu'au sémaphore, ça c'est bien aussi.
j'entends un type qui râle parce que 8 € le parking c'est trop cher, ça les vaut pas. Il a oublié de compter qu'ils sont quatre dans la voiture, donc ça ne fait que 2 € par personne, c'est pas la ruine, et s'il ne veut pas payer il n'a qu'à venir à vélo...
Plogoff, haut lieu de résistance contre un projet de centrale nucléaire en 1980 (ceci dit, il n'y a rien à voir), Audierne qui ne cesse de péricliter mais n'en garde pas moins un certain charme, cette baie est fort belle et bien peu fréquentée.
Les parcours sont variés, parfois un peu acrobatiques mais c'est parceque j'aime bien sortir des sentiers battus, ce qui ne surprendra pas les lecteurs assidus.
Pour rejoindre cette soi-disant île en partant de Loctudy, rien de mieux qu'un petit bateau qui fait la traversée, ça a une allure de mini croisière (version low cost tout de même).
Ce sera une belle étape ce jour là, plus de 80 km, c'est plus que les jours précédents mais moins pentu aussi
Voilà une ville que je ne connaissais pas, ou alors je n'en ai gardé aucun souvenir, pourtant elle est chouette avec sa forteresse qui a les pieds dans l'eau. A éviter en été, à priori, car même début septembre il y a plein de monde, ça aurait presque des airs de Mont Saint Michel.
Là aussi il y a un petit bateau qui est bien pratique car il permet de quitter la forteresse pour rejoindre la côte en face, permettant d'éviter un long détour par une zone industrielle (beurk!).
Pour en finir en beauté avec le Finistère, au niveau de Moelan sur Mer, la Littorale emprunte une jolie voie verte, visiblement ancienne voie de chemin de fer. C'est bucolique à souhait, il fait enfin beau, j'ai de l'eau et des provisions dans les sacoches alors quand le fléchage invite à quitter la voie verte je décide de rester dessus, ça doit bien aller quelque part, non mais !
Sauf que ce n'est pas du tout entretenu, il y a de la gadoue et des cailloux, je croise les doigts pour ne pas me retrouver bloqué par un arbre tombé en travers après des kilomètres de progression escargotique. Et puis finalement ça débouche sur un chemin carrossable, ça valait le coup et c'était fort joli.
Au prochain épisode je vous parlerai du Morbihan, vous verrez que c'est bien différent. Mais je regrette déjà le Finistère, heureusement que ce n'est pas si loin, il faudra revenir...
Voyageurs au long cours à vélos couchés, de retour de cinq ans à travers le monde.
On dit tout ici : cyclomigrateurs.fr
Le canal de Nantes à Brest, pour en avoir fait des bouts par-ci par-là, je le trouve charmant comme tout, mais terriblement monotone ! Je trouve comme toi qu'on s'amuse bien plus sur le littoral, ou dans les campagnes !
Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?