Pyrénées catalanes – recouvrance

Pyrénées catalanes – recouvrance
Par
Éditeur des Vélos Migrateurs
Fabricant de vélos artisanaux sur mesure

Deux ans qu’on ne s’était pas offert une échappée de plus d’un week-end ! Beaucoup de travail m’en avait peu laissé l’opportunité ; et l’an dernier, c’est une vilaine blessure qui l’avait rendu impossible. 
Il me tardait de m’échapper de mon environnement coutumier : changer de paysages, prendre un peu de décalage culturel, et retrouver l’impression de liberté unique que procure l’itinérance à vélo, arpentant chaque jour de nouveaux terrains, et déployant la tente chaque soir sur un nouveau territoire.

En 2 020, notre escapade dans les Pyrénées basques nous avait enchantés. La beauté des paysages, le déracinement culturel et le plaisir de bivouaquer presque chaque soir auprès d’un cours d’eau où nous rafraîchir nous avaient rendus curieux d’explorer d’autres portions d’une chaîne montagneuse dont on n’avait alors découvert qu’un secteur bien spécifique.

Pyrénées catalanes – recouvrance

L’idée cette année (en fait c’était déjà l’idée de l’an dernier, mais il avait fallu renoncer) était donc de parcourir la portion orientale de ces montagnes. Cette fois on prendrait les VTT, pour nous éviter autant que possible le désagrément de partager des routes étroites avec les voitures, dans des montées éprouvantes. Pour autant, eu égard à notre très modeste niveau de vététistes, et considérant notre préférence pour confort supérieur à celui du bikepacking ultralight, on limiterait le recours aux sentiers mono-trace, et on emprunterait davantage de voies carrossables – moins raides, et moins chaotiques.
En étudiant la carte, il est rapidement apparu que le côté Espagnol serait plus favorable à ce programme. Tant mieux, l’idée d’un peu de dépaysement nous réjouissait bien aussi ! 

Vélos dans le coffre, on a ainsi rejoint la gare de Lannemezan, vers le milieu des montagnes. Puis, laissant la voiture en lieu sûr, on s’est embarqués en train, via Toulouse, pour Perpignan. De là on allait enfin pédaler, en sens inverse, via les hauteurs.

Pyrénées catalanes – recouvrance

Ma chute de l’an passé, la fracture qui en avait résulté, et six mois d’une guérison difficile avaient entamé ma confiance à vélo. Depuis que j’avais pu remonter en selle, au début de cette année, je n’étais plus le même cycliste. Bien que n’ayant jamais été très téméraire, je me sentais devenu trouillard. Partout j’entrevoyais les risques de chute – et la sale histoire de fracture reprenant au début. Pour les autres aussi j’avais une constante appréhension.
Dans nos premières descentes pyrénéennes, il n’en a pas été autrement. Mains sur les freins en permanence, mes impressions étaient plutôt celles d’une lutte pour l’équilibre que d’un grisant laisser-aller. 
Sans doute un étrier de frein encrassé et des plaquettes usées n’ont pas aidé à me sentir à l’aise ! Après un peu d’entretien mécanique lors d’un passage en ville, j’ai tout de suite éprouvé un rapport différent à ma monture !

Pyrénées catalanes – recouvrance

Mais plus que les précautions techniques, ce sont les joies de l’itinérance à vélo qui me requinquent jour après jour : la satisfaction de progresser, sans l’aide d’aucun moteur, sur des centaines de kilomètres, emportant avec soi tout ce dont on a besoin pour poursuivre la balade ; s’élever, par mille (par dix-mille) tours de manivelles patiemment répétés, du fond des vallées jusqu’au-dessus des forêts, dans les cols franchissant les hauts pâturages ; parcourir des environnements préservés, se délectant du chant des oiseaux ou du bruissement d’un ruisseau, de l’odeur des pins ou de celle du lila, du bleu des gentianes ou des orchidées rosées ; délier sa langue dans un idiome étranger, mettre son organisation au diapason des coutumes locales, goûter aux spécialités culinaires ; et finalement, l’insouciance revenue, dévaler les pentes en se laissant aller !

Bien qu’une sensation indolore me rappelle qu’il y a peu, mon épaule avait rompu, à présent je ne me sens plus gêné du tout. Je ne retiens plus mes gestes, et mon corps ne m’envoie plus de signaux en ce sens. Ma mobilité est recouvrée au point que je ne perçois plus de limites inhabituelles. La guérison est une forme de retour de la liberté.
Et tandis que nous pédalons, chaque jour, tout le jour, une santé plus globale me revient. Malgré les kilomètres parcourus et les dénivelés enchaînés, la fatigue du soir n’a pas le caractère foncier de la vie sédentaire. Sur le sol herbeux dont m’isole mal un matelas qui fuit, le sommeil est une délectation, et chaque matin je me sens plus apte que la veille à arpenter les montagnes.

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Elle est retrouvée.
Quoi ? — L’Éternité.

Comme chaque fois que nous prenons la route, mille impressions fugaces nous renvoient à des voyages passés. 
Le poteau fendu d’une clôture en bois nous transporte sur le Causse Méjean. Les accents du castillan font rejaillir une conversation salvadorienne. Un premier coup de pédale, à l’aube d’une chaude journée, nous renvoie au soleil qui se levait sur la plaine thaïlandaise. Des jambes ramollies par l’altitude nous portent dans nos plus hautes ascensions du Pamir ou des Andes. Les émanations d’une boulangerie rappellent à notre palais la tendresse de brioches chinoises. Et tandis que l’ardeur du soleil m’évoque par contraste un jour de tempête en Angleterre, un frisson me saisit !

Dans ma mémoire sans chronologie – que je compare souvent à une pelote de laine – mes pérégrinations passées s’unissent en un unique voyage, repris chaque fois que la giration méditative des manivelles m’extrait d’un quotidien plus prosaïque.

Il était temps de reprendre la route. Au moins la privation m’aura rappelé comme c’est bon !

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Après cinq ans passés au Proche-Orient et en Amérique centrale, je suis venu au vélo par intérêt pour le voyage. En France et en Europe, dans les Andes, en Asie du Sud-Est, en Asie centrale, j’ai promené mes sacoches à la découverte de paysages, à la rencontre de cultures. Et d’autres projets se préparent !

Je pratique le vélo aussi bien pour me déplacer que pour me dépenser, me promener, etc. – mais le voyage demeure mon approche favorite ! ;)

Cette passion n’ayant de cesse de s’étendre, j'ai voulu la partager en créant Les Vélos Migrateurs, webzine de l'itinérance à vélo, puis les Cycles la Tangente, enseigne sous laquelle je fabrique artisanalement des vélos sur mesure.

Les Vélos Migrateurs est impulsé par les Cycles La Tangente
Vélos artisanaux sur mesure

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