Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche
Quand le guidon se transforme en plateforme de transport, chaque centimètre compte. Tailfin propose avec son Bar Cage un harnais rigide et modulable, pensé pour accueillir sacs étanches et autres équipements, tout en restant compact, stable et facile à installer. Test complet d’un système qui promet de simplifier le bagage en bikepacking, quelles que soient les configurations.
Par
Éditeur des Vélos Migrateurs
Fabricant de vélos artisanaux sur mesure

Dans l’arsenal habituel du bikepacking, certaines sacoches sont devenues pour moi des incontournables — la sacoche de cadre, la top-tube, ou les poches de potence. D’autres en revanche trouvent difficilement leur place sur mon vélo. C’est le cas en particulier des longs sacs étanches qu’on fixe au guidon.
À cela il y a des raisons inhérentes à toute sacoche de guidon (des questions d’interférences avec les câbles, avec les commandes, avec les mains…), et d’autres plus spécifiques à la forme en boudins de ces sacoches, que je trouve peu pratiques à remplir ou à vider, qui ont tendance à balloter, et qu’on ne peut pas toujours loger entre les quarante et quelque centimètres d’un cintre de route ou de gravel.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Pour mon escapade de cet été dans les Pyrénées, j’avais néanmoins envisagé cette option. J’ai dans mon attirail un harnais de chez Revelate Designs, dans lequel je glisse tantôt leur sac étanche Salty Roll, tantôt directement ma tente. 
La formule du harnais est une variante de ce type de bagage à laquelle je trouve deux avantages majeurs : sa polyvalence (on peut y loger autre chose qu’un sac étanche) et sa praticité (le paquet se détache facilement du guidon pour être emporté sous la tente).

Mais avec l’équipement que je prévoyais de monter cette fois-là sur mon cintre — cornes internes, deux poches de potence, support GPS et support téléphone — il ne restait plus de place pour sangler le harnais. J’allais renoncer à cette solution…
C’est alors que j’ai reçu le communiqué de presse de Tailfin annonçant la sortie prochaine de leur nouveau système de harnais. Celui-ci semblait pouvoir apporter des réponses à mes problématiques. Je demandais à en recevoir un pour test.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Le Tailfin Bar Cage, ici équipé de deux sangles Tailfin, et d’un support périphérique pour accessoires.

J’ai déjà relayé l’annonce de ce nouveau produit il y a quelques semaines. On trouvera dans mon précédent article une présentation générique de ses caractéristiques. Rappelons-en seulement les grandes lignes, avant d’entrer dans des considérations relevant davantage de l’expérience personnelle.

Le Bar Cage de Tailfin est un harnais rigide, qu’on pourrait aussi présenter comme un cargo-cage pour guidon. (D’où son nom !)
Son système de fixation rigide offre ce qu’il faut de réglages pour s’adapter à des configurations de guidon très variées, sans créer d’interférences.
Une fois installé, on peut y serrer un sac étanche ou d’autres objets, au moyen de deux sangles TPU flexibles. Tailfin propose d’ailleurs en parallèle trois sacs spécifiquement imaginés pour ce harnais, ainsi que des supports périphériques destinés aux accessoires électroniques.

Le harnais

Montage et compatibilité

Avec mon harnais Revelate (lequel est très comparable au harnais Decathlon, mieux connu de ce côté de l’Atlantique), je rencontrais deux difficultés : d’une part son système de déports en caoutchouc et de fixation par sangles occupait trop de place sur le cintre pour cohabiter avec mes poches de potence et mes supports d’accessoires ; d’autre part ces fixations encombrantes gênaient le passage des câbles de freins et de vitesses, qui filaient droit dessus. Je ne parvenais pas à le serrer convenablement.

Les bras de fixation du Tailfin Bar Cage prennent nettement moins de place sur le cintre. Onze millimètres de part et d’autres de la potence sont toute la largeur qu’ils occupent. En outre, chacun coulisse sur un rail de 30 mm, ce qui permet d’ajuster leur position en fonction de la largeur de la potence ou de la présence d’autres accessoires sur le guidon.
Le diamètre de fixation à mon guidon est de 31,8 mm, mais le Bar Cage est aussi compatible avec les cintres de 35 mm. (Un adaptateur est tenu en place par une petite vis : pas de risque de le perdre, et pas de galères au montage !)
Pour éviter les interférences avec les câbles, la formule d’une fixation rigide solidement vissée m’a permis d’orienter les bras comme c’était le plus arrangeant. Leur finesse et les 50 mm de déport qu’ils procurent ont également facilité le montage. 

À l’autre extrémité des bras, la portion du harnais qui accueille la charge (celle qui s’apparente à un cargo-cage) pivote elle aussi, sur un axe parallèle au cintre. On peut ainsi orienter le paquet plus ou moins vers le haut ou vers le bas, pour trouver la position optimale.

Résultat : malgré le barda agglutiné sur mon guidon, j’ai pu avec le harnais Tailfin trouver un emplacement impeccable où tenir ma tente. Pas d’interférences avec les autres accessoires, aucune gêne pour les mains sur le cintre ou sur les cornes, et pas de soucis non plus pour passer la tente dans le harnais, tenue qu’elle était à distance des câbles et autres, et positionnée assez bas, pour une meilleure stabilité du vélo.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Harnachement du bagage

Une fois le Bar Cage fixé au guidon, on y tient son matériel au moyen de deux sangles, comme sur des cargo-cages — sauf qu’ici le harnais tient le matériel à l’horizontale, alors que les cargo-cages sont souvent verticaux. Chaque sangle passe dans deux trous oblongs, qui permettent de les tenir en position tandis qu’on installe le bagage, ou si on roule avec le harnais vide. 

On verra plus loin qu’on manipule avec une facilité toute spéciale les sangles et les sacs étanches conçus par Tailfin pour le Bar Cage. Cependant, on peut aussi bien utiliser à peu près n’importe quelle sangle dont on dispose déjà, et tenir des sacs d’autres marques, ou différents types d’objets.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Ici des sangles Blackburn en nylon s'adaptent sans problèmes au harnais Tailfin.

Dans le cas de ma tente, je procédais à son harnachement en la tenant d’une main tandis que je passais la première sangle de l’autre ; après quoi il était plus facile de boucler la seconde sangle, et de finaliser les serrages. Rien d’original dans ce cas, mais rien à déplorer non plus.
En d’autres circonstances, j’ai fait l’essai avec mon sac étanche Revelate Designs au lieu de la tente, et je l’ai tenu avec des sangles Voilé. Cette combinaison fonctionne tout aussi bien. Le sac trouve parfaitement sa place dans le harnais, de même que les sangles. 
J’ai testé encore avec des sangles plus conventionnelles en nylon : leur souplesse et l’absence d’élasticité les rend un peu moins pratiques pour cette application que celles en TPU, mais aucun problème de compatibilité ne s’est présenté. 
On peut aussi loger directement dans le harnais un duvet ou un matelas, voire plusieurs éléments à la fois (sac étanche + arceaux de tente, etc.). Bien des combinaisons sont envisageables : les photos promotionnelles de Tailfin montrent même une trottinette maintenue dans le Bar Cage !

À gauche : le harnais avec un sac Revelate Designs et des sangles Voilé.
À droite : des sangles Blackburn tiennent une tente Decathlon.

De façon générale, une des qualités des produits Tailfin est la finesse d’intégration des uns avec les autres. Mais l’interopérabilité de celui-ci avec des équipements d’autres marques est pour moi une qualité plus précieuse encore.

Stabilité et Solidité

Sur les chemins de terre empruntés cet été, j’ai parfois été bien secoué dans les descentes. À aucun moment le Bar Cage ne s’est déréglé : les bras ne glissent pas autour du cintre, et un épais moletage verrouille l’inclinaison de la partie cargo.

Avec les sangles serrant fermement le paquet contre le harnais, celui-ci est resté parfaitement en place. À ma connaissance, aucun autre système de sacoche de guidon n’est stable à ce point. Une fois le bagage ligoté, je pouvais l’oublier totalement jusqu’au moment où j’en avais besoin.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Le Bar Cage est donné pour une charge maximale de 6 kg sur route, et 3 kg en vtt : des limites qu’il est peu probable d’excéder.  (D’ailleurs ça nuirait à la maniabilité du guidon.)
Néanmoins, la finesse des pièces d’aluminium peut donner une impression de fragilité ; dans l’hypothèse d’une chute, par exemple. (Sur ce plan, la souplesse de mon Revelate Designs Harness est sans doute un atout.) Cette perspective est toutefois assez improbable : étant donné la position du Bar Cage sur le vélo, il y a fort à parier que le guidon ou la roue ferait office de pare-chocs. 
Rappelons aussi qu’en cas de crash Tailfin propose une réduction de 30% sur le prix de tout matériel remplacé à l’identique. (Les défauts de fabrication, quant à eux, sont garantis cinq ans.)

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Matériel complémentaire

Comme je l’expliquais plus haut, si le Bar Cage peut être combiné avec toutes sortes de sangles et de bagages, Tailfin en a conçu de spécifiques, ainsi que quelques accessoires périphériques. Ces équipements complémentaires se marient à merveille avec le harnais, pour constituer un système cohérent, particulièrement pratique à l’usage.

Les sacs

Ça paraît tout bête un boudin de bikepacking : un carré tissu cousu en cylindre, avec des clips pour fermer chaque extrémité !
Mais chez Tailfin, évidemment, on ne s’arrête pas à ce design de base : divers raffinements en améliorent considérablement l’ergonomie.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Il y a en premier lieu l’étanchéité, assurée par un textile Nylon Ripstop thermosoudé. 
Ce tissu est aussi assez robuste, mais Tailfin a pris le soin de le renforcer par une couche d’Hypalon aux endroits les plus sollicités. Une autre protection en TPU vient encore parer à un hypothétique frottement contre le pneu. (Au cas où on n’aurait pas bien pris en compte le débattement de sa fourche suspendue ?)
Pour améliorer sa tenue, le sac est pourvu d’une valve permettant l’évacuation de l’air. Avec un tissu étanche, c’est très appréciable : ça aide considérablement à compacter le sac, afin d’éviter que ça ne ballote à l’intérieur. Et pour encore plus de stabilité, une tige en carbone assure une base structurelle. (Je ne crois pas que ça existe sur aucun autre sac du genre.)
Les systèmes de fermeture sont solides et faciles à manipuler, sans risque de casse ou d’usure rapide.

Mais la véritable spécificité de ces sacs, ce sont ces appendices que Tailfin a dénommés “Speed Hooks”. Il s’agit de deux crochets semi-rigides en TPU, qu’on emboîte sur le harnais au moment d’y attacher le sac : clic ! Il tient alors tout seul en place, et on dispose de ses deux mains pour serrer les sangles.

À gauche : les Speed Hooks, à l’arrière du sac étanche.
À droite : le sac est enclenché sur le harnais, mais pas encore sanglé.

Évidemment un raffinement de ce genre n’est pas indispensable (jusque-là on s’est toujours débrouillés sans), mais à l’usage ça fait l’effet d’une innovation majeure. Fixer le sac dans le harnais devient tellement facile !
La petite contrepartie, c’est que pour utiliser un sac Tailfin sur un autre support, les crochets pourraient gêner un peu. Ça me paraît toutefois assez marginal, et je n’ai eu aucun mal, par exemple, à le sangler sur un porte-bagages.

Trois tailles de sacs sont proposées (8 litres, 11 litres, 15 litres), adaptées à différents besoins et contraintes :

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Pour ma part, voulant essayer le harnais sur mon gravel, j’ai opté pour le plus petit des trois formats. Je redoutais que les autres ne soient trop larges pour trouver place entre les bas du cintre (un Ritchey VentureMax, de 46 cm). Au final, je crois que j’aurais pu opter pour un plus grand, et profiter d’un diamètre supérieur sans que la largeur ne gêne le passage des vitesses.
D’ailleurs ce petit sac est vite rempli. Mieux qu’à moi, il conviendrait à des adeptes d’un bikepacking ultra-light. Pour le moins, j’ai pu y glisser mes vêtements de rechange, ou mon duvet en une autre occasion. Mais ce que je déplore surtout avec cette taille, c’est la petite ouverture. Par une bouche de 135 mm de diamètre, on ne peut guère faire mieux que bourrer aveuglément le boudin, et le déballer sans plus de subtilité.
Mais je crois que les adeptes de ce genre de bagages ne s’arrêtent pas à ça. Pour ma part, j’aime les sacoches peu profondes, qui s’ouvrent en grand. (Chez Tailfin, L’Aeropack pourrait correspondre à cette approche.) Je n’ai jamais accroché sur les boudins de bikepacking. 

Les sangles

Avec les sacs sont fournies des sangles de longueurs adaptées (50 ou 65 cm selon le diamètre du sac), qu’on peut aussi se procurer séparément. 
C’est avec une paire de ces sangles que j’ai maintenu la plupart du temps mon matériel dans le Bar Cage, qu’il s’agisse de ma tente ou de sacs étanches.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Ce sont des variantes des fameuses Voilé Straps, si pratiques et si fiables. Tailfin en utilise déjà sur d’autres produits de son catalogue, comme les sacoches top-tube que j’avais testées en début d’année. J’avais alors pu constater leur idéale élasticité et le bon verrouillage de la boucle. Elles sont également pourvues d’une petite bague pour tenir proprement l’excédent de longueur. 

Pour leur utilisation dans le Bar Cage, Tailfin les a encore perfectionnées. Sur ce système où les sangles sont suspendues au harnais, les bagues de maintien de la sur-longueur auraient pu glisser, tomber, et se perdre. Ces nouvelles variantes disposent donc près de leur extrémité deux petites protubérances en prévention de ce risque. Ce genre de détails illustre la touche perfectionniste de Tailfin ! 
Je dois noter que cette amélioration a toutefois une contrepartie : pour passer la sangle dans la bague, il faut maintenant forcer légèrement (c’est le principe), ce qui rend le maniement un peu moins fluide. Arrivé à un certain niveau de perfectionnement, tout devient affaire de compromis !

Les supports périphériques

Pour le montage d’accessoires tels que des GPS, des caméras d’action ou des éclairages, Tailfin propose encore des extensions de son Bar Cage System. On les visse sur la cage, dans l’une des trois encoches oblongues prévues à cet effet. Leur interface de base reprend le format de fixation GoPro, et des adaptateurs sont proposés pour d’autres standards : tube 22,2 mm, ou supports spécifiques à divers GPS. 

Grâce à l’une de ces extensions, j’ai pu libérer encore de la place sur mon guidon, en montant mon GPS sur le Bar Cage. Au final mon cintre était bien moins encombré cet été !

Un réglage d’inclinaison avant/arrière permet d’orienter selon ses besoins l’écran du GPS, le cadrage de la caméra, le faisceau de l’éclairage, etc. Même dans la caillasse, ce réglage ne bouge pas. 
Ça bouge un peu en revanche en rotation (comme les aiguilles d’une montre). Mais c’est limité : un épaulement – qu’on aurait voulu plus ajusté – réduit le défaut à quelques degrés. Avec mon GPS en tout cas, ça n’a pas constitué un problème.

L’affaire est-elle dans le sac ?

Récemment, je soulignais l’excellent rapport qualité-prix des produits Decathlon : pour le peu qu’on les paye, on obtient du matériel d’une qualité très correcte. À ce prix-là, personne ne fait mieux !
Or je crois que chez Tailfin le rapport est sensiblement le même. (Si, si !) On paye plus cher (presque trois fois plus cher : jusqu’à 200 € pour le harnais avec un sac de 15 L). Mais à ce tarif, la qualité est remarquable. À ce prix-là, personne ne fait mieux !
Le prix ou la qualité : à chacun de situer sa priorité.

En outre (et contrairement à d’autres produits Tailfin), la modularité du Bar Cage System permet de se contenter de la base. Pour 130 €, on peut déjà se procurer le harnais (sans les sacs, sans les sangles, et sans les extensions), et disposer d’un socle de première qualité, qu’on combinera sans mal avec du matériel dont on dispose déjà, ou avec des équipements – pas toujours aussi bien conçus mais moins coûteux – disponibles chez d’autres fabricants.

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

En somme, après un essai approfondi, que retenir de ce système ?

N’étant pas moi-même un aficionado du sac étanche pour guidon, je me contenterai de saluer la grande qualité de conception et de fabrication des sacs Tailfin, en soulignant tout spécialement les Speed Hooks, qui rendent le sanglage tellement facile ! Mais je ne me vois pas m’en servir beaucoup… Pas mon truc.

Le harnais Bar Cage, en revanche, peu encombrant et dont les possibilités de réglages apportent une compatibilité jamais vue, élargit le champ des possibles. Même sur un guidon encombré, il trouve sa place ; et son impeccable stabilité en fait un choix pertinent, même sur terrains cassants. Sa capacité à emporter un matériel très varié, issu ou non de chez Tailfin, contribue aussi à en faire une pièce facile à intégrer sur le vélo.

Les sangles et les extensions qui complètent le système sont très bien pensées aussi, et apportent des solutions à des problèmes récurrents en bikepacking.

Bref, la patte Tailfin se reconnaît sans peine !

Tailfin Bar Cage à l’essai : le guidon multi-tâche

Tout ça est directement disponible sur le site de Tailfin, où l’on trouve aussi une documentation complète : le harnais et les sacs.

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