Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline
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Les Top Grips de Redshift entendent apporter aux cintres de gravel un confort semblable à celui des poignées ergonomiques pour guidons de trekking.

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Les cintres de gravel ont l'avantage d'offrir une variété de positions grâce auxquelles ont peut considérablement réduire la fatigue de ses poignets, de ses épaules... et en fait de tout son corps. Cependant, le simple revêtement qu’on leur applique – ces quelques millimètres  d'épaisseur de guidoline – sont un coussin bien minimal en comparaison des poignées ergonomiques comme en proposent des marques telles Ergon ou SQlab pour les guidons droits ou de trekking.

Les poignées SQlab 710, Ergon GP1 BioKork, et Ergon GA3, pour guidons de trekking

Pour ce genre de guidons, je suis moi-même un fan des poignées Ergon GA3, dont sont équipés plusieurs vélos à la maison. La gomme dont elles sont faites offre un compromis qui me convient à merveille sur l’échelle s’étendant du moelleux à la fermeté ; et les ailettes dont elles sont pourvues soulagent considérablement mes poignets lors des longues sorties. C’en est au point que quand je pose mes mains sur un guidon qui n’en est pas pourvu, elles me manquent immédiatement.

Sur ma randonneuse en revanche, j’ai bien essayé un cintre gravel dont le dessus profilé offrait un replat qu’on pourrait comparer aux ailettes des GA3. Mais un tel design suppose que vous donniez une inclinaison déterminée au cintre, qui ne me convenait pas pour les autres positions – sur les cocottes et dans les bas. J’aurais voulu régler séparément l’inclinaison de ces replats et des courbes du cintre.
C’est pourquoi les Top Grips de Redshift, que l'on positionne à loisir sur son cintre, ont tout de suite retenu mon attention à leur sortie (février 2021).

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

Le Kitchen Sink Gravel Handlebar System

Ces Top Grips s’inscrivent dans un ensemble de produits proposés par Redshift pour les guidons de gravel.

  • Il s’agit en premier lieu du cintre Kitchen Sink, dont les spécifications sont établies dans la logique de cette pratique. Il est proposé dans une forme courante ou dans une variante intégrant un genre de boucle centrale qui peut faire office aussi bien de position aérodynamique que de support pour un GPS, un éclairage, ou tout autre accessoire.
  • Une petite sacoche est proposée également, qui vient se loger dans le creux de ladite boucle, et pour laquelle un support GPS sur-mesure est aussi disponible.
  • Deux paires de poignées en gommes polymères viennent réhausser le confort de ce guidon. Désignées comme "Cruise Control Drop Bar Grips", elles viennent s’installer dans les bas du cintre pour les unes (les “Drop Grips”), ou sur le dessus (les “Top Grips”, dont il est question ici).
  • Enfin de looongs rubans de guidoline permettent de recouvrir ce cintre (dont la plus grande taille mesure 53cm à l’endroit des cocottes), tout en englobant les Top Grips et la boucle centrale.

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

Pour ma part, c’était surtout les Top Grips que j’étais désireux d’essayer.

Un petit effort avant d'en profiter

Ces Top Grips sont faits d’une matière caoutchouteuse (du Kraton, un polymère breveté par une marque du même nom). Elles viennent former une couche intermédiaire entre l’aluminium du cintre (ou autre matériau rigide) et la guidoline. Non seulement elles sont sensées apporter davantage de moelleux sur le guidon, mais leur forme pourvue d’ailettes vise en outre à soutenir les poignets pour réduire ou éviter la fatigue des articulations.
Bien que d’une forme extérieure pouvant s’apparenter à celle de poignées pour guidons droits, elles ne s’enfilent pas par les extrémités du cintre (ce serait compliqué avec les lignes sinueuses d’un guidon de gravel), mais viennent l’envelopper directement à l’endroit de leur montage final : sur les hauts du cintre, depuis la partie droite jusque dans la courbe qui amène aux cocottes.

J'ai passé commande sur internet, et reçu le colis en deux jours seulement. (Un colis Amazon, bien que j’aie commandé directement sur le site du fabricant.)

Outre les poignées polymères, le paquet inclut les rubans de scotch utiles au montage. Il s’agit de scotchs un peu particuliers : l’un, de faible largeur, est pourvu d’une trame anti-déchirement, anti-étirement ; l’autre est à double face collante. Redshift en fournit largement assez pour effectuer son montage, et même pour changer de configuration plusieurs fois.
Un mode d’emploi clair et détaillé est fourni. Les instructions sont en anglais uniquement, mais les images sont parlantes. Le site officiel propose également une vidéo explicative (en anglais également).

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

L'installation des Top Grips n'est pas compliqué techniquement. Les poignées sont conçues de telle façon qu’elles peuvent épouser diverses variantes de formes de cintres route ou gravel. On peut aussi les raccourcir (côté centre du cintre), au moyen d’un cutter ou de ciseaux.
On applique un peu de scotch double face à l’intérieur des poignées (en réalité il y en a déjà de prêt pour le premier usage), et on vient les envelopper autour du guidon. Ce scotch tient étonnamment bien en place, tout en autorisant le repositionnement.
Le plus délicat est de trouver la position qui nous conviendra le mieux… On met donc un peu du scotch renforcé pour éviter que ça bouge, et on va faire un tour d’essai, puis un deuxième, un troisième, etc. jusqu’à trouver le positionnement optimal.
On maintient ensuite définitivement avec le scotch renforcé, et on enroule la guidoline.

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Les nouvelles courbes induites par les poignées, plus sèches que celles d’un cintre nu, rendent l’opération d'enrouler la guidoline encore un peu plus délicate que d’habitude. Pas facile d’éviter que ça baille par endroits. Mais avec un peu de patience, en n’hésitant pas à revenir parfois en arrière si on a moins bien négocié un virage, on fini par y arriver. Mieux vaut disposer d’un ruban assez long, car les poignées augmentent la surface à recouvrir. Il est peu probable que vous puissiez réutiliser la guidoline qui recouvrait déjà votre cintre : elle aura été coupée à une longueur insuffisante pour le supplément de surface. Pour ma part, j’ai réalisé des montages avec deux guidolines Brooks différentes. Leurs longueurs étaient adaptées.

De tout autres sensations

L’impression de confort est immédiate. Dès les premières sorties, j’ai retrouvé des sensations semblables à celles procurées par les poignées Ergon.

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

La surépaisseur des poignées me permet de saisir le cintre à pleines mains. Le profil des ailettes est soigneusement conçu, et épouse bien la forme des mains. Outre le soutien escompté, il apporte comme un effet de backsweep grâce auquel les poignets sont orientés de façon plus naturelle que sur la ligne rigoureusement droite du dessus du cintre.
En écartant mes mains vers les courbes, je trouve aussi mieux ma position. Le Salsa Cowchipper sur lequel j’ai d’abord monté les Top Grips accuse une courbe un peu trop large à mon goût sur les côtés. À cet endroit où j’aime tenir mes mains, je ne pouvais jusque-là pas demeurer longuement : j’avais l’impression de glisser vers l’extérieur, et devais compenser par je ne sais quel effort. Mais les ailettes m’apportent davantage de surface pour m’appuyer, et leur forme plus anguleuse me convient davantage. Je ne dérape plus, je suis nettement mieux posé.

Je ne sais pas combien de kilomètres j’ai roulé dans cette configuration, mais j’ai la conviction de les avoir amplement testées avec un premier cintre, et j'ai encore pas mal roulé depuis en combinaison avec un autre cintre. Je n’ai jamais eu à me plaindre ni d’une détérioration des poignées (effritements, fêlures, déformations ou autres altérations qu’on pourrait imaginer), ni simplement qu’elles aient bougé de la position dans laquelle je les avais scotchées. (Ce n’est pas faute de les avoir sollicités sur des chemins plus VTT que gravel !)

Seule déception : le moelleux de la gomme. On n’est pas au niveau des Ergon GA3. Certes je note déjà une nette amélioration par rapport à la seule guidoline par-dessus l’aluminium, mais je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec mes poignées favorites.
Si bien que le jour j’ai troqué mon guidon Salsa Cowchipper XL pour un Ritchey VentureMax moins large, j’ai décidé de ne pas remettre les Top Grips. Peut-être finalement était-ce juste le cintre qui ne me convenait pas…

Difficile de faire demi-tour

J’aurais bien des commentaires à formuler à propos du VentureMax. J’ai sur ce guidon un sentiment partagé entre beaucoup d’enthousiasme et de sérieux désagréments. Dans les bas du cintre, j’ai du glisser des mousses sous la guidoline pour trouver ma position. Mais sa partie haute est d’un grand confort : ce qu’il faut de backsweep, et une courbe de faible rayon qui me convient très bien.

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

Tout ne me convient pas dans l'ergonomie du VentureMax, et je me suis inspiré des Drop Bar Grips pour adapter à mes goûts certains spécificités de ce cintre.

Pourtant les Top Grips m’on rapidement manqué : le plus grand volume dans la main, la plus grande surface d’appui sous les poignets, les courbes anguleuses (les angles arrondis ?) sur les côtés, et puis – oui, quand-même – un supplément de moelleux.
J’ai pourtant roulé comme ça un bon moment. J’étais plutôt pas mal sur mon VentureMax ! Mais régulièrement je me disais que si j’avais du courage, je déferais une énième fois cette guidoline, je positionnerais, re-positionnerais et re-re-positionnerais sans doute encore les Top Grips pour trouver le bon arrangement, je me casserais la tête à repasser la guidoline sur toutes ces courbes, tout ça pour retrouver ce confort perdu… (et peut-être un peu sublimé par le souvenir ?)

C’est finalement arrivé le jour où j’ai estimé que ma vieille guidoline Brooks Microfibre avait subi trop de mauvais traitements (intempéries, chûtes, montages et démontages répétés, etc.), et où j'ai voulu faire l’essai de la Cambium.

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

C’est dans ce second montage que je roule depuis une petite année maintenant, et je vois mal comment je pourrais encore améliorer mon confort au guidon ! Ah si, peut-être avec une gomme un peu plus souple… Mais soutiendrait-elle suffisamment mes poignets ? Serait-elle aussi durable ?
Je serais bien curieux également d’essayer l’ensemble du Kitchen Sink Gravel Handlebar System, mais je ne suis pas certain dans mon cas que le surcoût serait proportionnel au gain de confort. Je suis déjà très satisfait.

Test des Redshift Top Grips : des ailettes sous la guidoline

C'est pourquoi je considère que les 40 € que coûte cet artefact sont un investissement raisonnable pour bénéficier d’un réel gain de confort immédiat, et pour réduire l’usure articulaire à plus long terme. 95 g en plus sur mon vélo ne sont pas non plus une contrepartie bien gênante pour moi.
La seule raison que j’aurais de regretter le montage des Top Grips, c’est l’impression qu’elles me donnent de m’embourgoiser ! Parce que maintenant que j’y ai goûté, j’aurais bien du mal à m'en défaire !

Les Top Grips, comme chacun des éléments du Kitchen Sink Gravel Handlebar System, sont disponibles directement sur le site de Redshift, où on trouve également des compléments d’informations techniques.

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Après cinq ans passés au Proche-Orient et en Amérique Centrale, je suis venu au vélo par intérêt pour le voyage. D’abord un tour en ma Bretagne natale, puis quelques équipées sur des terrains plus relevés, et bientôt je partais pour six mois de route entre Asie du Sud-Est et Asie Centrale.
Il m’est difficile à présent de concevoir un voyage sur un autre mode ; et pour toutes mes vacances ou presque, ainsi qu’un certain nombre de mes week-ends, je charge le matériel de camping pour une échappée vélocipédique au grand air, au pas de ma porte ou au bout du monde.

Informaticien à mes heures perdues, je suis également le développeur-éditeur-modérateur-dictateur de ce site, et du planificateur de voyages Talaria.

Enfin, ma dernière lubie en date est de fabriquer des vélos sur mesure.

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  • Daniel
    Daniel, le 11/01/2024 à 09h32
    J'ai mis l'article dans mes favoris pour le lire plus tard, mais dans l'immédiat en tant qu'utilisateur du combo cintre redshift (très large !) +top grips+ poignées ergo en bas, je dirai qu'il ne faut pas prendre une guidoline très épaisse car le diamètre du cintre au niveau des grips est très fortement augmenté. Au final c'est plus les poignées ergo que j'apprécie que les top grips.
    • Erwan, à Daniel, le 11/01/2024 à 19h24
      Merci pour ton retour Daniel. Tu piques ma curiosité sur les poignées ergo !
      Si tu voulais nous faire un billet sur le système dans son ensemble, ce serait très apprécié.
  • Philippe-jean, le 03/01/2024 à 08h13
    Merci pour cet excellent article qui ouvre bien des perspectives pour l'amélioration du confort au guidon, sans oublier tous mes bons voeux à toute l'équipe et tous les fans des "Vélos Migrateurs".
    Actuellement un cintre Surly en commande, je ne manquerai pas de transmettre mes impressions et mes amélioration dans un prochain post.
    • Erwan, à Philippe-jean, le 03/01/2024 à 09h18
      Et merci à toi pour ce sympathique message.
      Je suis bien curieux de savoir de quel cintre il s'agit. Il y en a plus d'un chez Surly qui me paraît digne d'intérêt ! Hâte de découvrir tes impressions.
      Très bonne année à toi. (Et à tout le monde ici.) :)