Sorti en 2014, le Straggler avait fait partie des vélos à l’origine de la vague gravel. Comparé aux vélos de route de l’époque, il affichait bien plus de polyvalence, grâce notamment à des pneus plus larges, des œillets de porte-bagages, ou la possibilité de le configurer en mono-vitesse. Par rapport aux vélos de randonnée, il demeurait cependant plus vif, plus léger.
Hormis des changements de couleur réguliers, il n’avait fait l’objet d’aucune révision depuis sa sortie. Après avoir fait figure de précurseur, il pouvait donc commencer à paraître quelque peu dépassé. Il était temps pour Surly de procéder à une révision en profondeur.
Examinons ce qu’ont à offrir ce nouveau kit-cadre et les deux montages proposés sur cette base.
En fonction de la taille, le Straggler est dessiné autour de roues de 700c ou en 650b, avec assez de dégagement pour des pneus de 50 mm. Il conserve une boîte de pédalier BSA 68 mm mais adopte dans cette édition modernisée plusieurs standards du gravel : freins à disques flat-mount, douille de direction de 44 mm, axes de roues au format 12×100 et 12×142.

Fidèle à la tradition Surly, le Straggler est constitué de tubes en acier chromoly à doubles-renforts. (Chez Surly, on appelle ça “Natch tubing”.) Bien qu’il conserve un tube diagonal plus fin et plus souple que ce qu’on trouve sur nombre de gravels ou de vélos de randonnée, il opte en 2025 pour un tube supérieur un peu plus large, conformément à la tendance. La douille de direction, plus large également, autorise le montage alternatif d’une fourche en carbone. Mais le Straggler est toujours fourni avec sa fourche en acier.
Celle-ci passe d’une classique construction manchonnée à une structure "unicrown" d’aspect plus moderne. Elle aussi est légèrement rallongée, pour mieux correspondre aux standards des fourches en carbone.
Soudé au TIG dans l’ensemble, le nouveau Straggler adopte cependant de chics pattes brasées, qui maintiennent une touche rétro, et qui offrent surtout une interface de roue originale. Le vélo propose ainsi un mélange de tradition et de modernité, avec des axes 12×100 et 12×142 (avant/arrière), mais une fixation par attache rapide ("QR"). On pourra donc monter sur ce vélo des roues conformes au nouveau standard d’axes traversants, mais il faudra utiliser les axes fournis avec le cadre. Ceux-ci pourront demeurer sur les roues quand on les démonte ; pratique – d’autant qu’il ne faudrait vraiment pas les perdre !
Les pattes arrière apportent aussi un changement important : elles ne sont plus compatibles avec un montage en mono-vitesse. Au risque de décevoir les adeptes du fixie et du single-speed, Surly a voulu soulager les inconditionnels du dérailleur, tant les anciennes pattes avaient la réputation de rendre difficile l’alignement de la roue.


Côté œillets de fixation, on conserve la possibilité de monter garde-boue et porte-bagages (avant et arrière). Le vélo n’est toutefois pas charpenté pour randonner très chargé, et on s’en tiendra de préférence à un équipement de bikepacking.
Deux emplacements de porte-bidon demeurent dans le triangle avant. Celui du tube diagonal est augmenté d’un troisième œillet (pour des cargo-cages) ; et une nouvelle paire est ajoutée au-dessous de ce même tube.
Pour un entretien facilité, le Straggler garde la logique d’un routage externe des câbles et durites. On bascule cependant sur un gainage intégral (au lieu de câbles partiellement à nu). Un passage de gaine pour tige de selle télescopique fait également son apparition (sous le tube diagonal, puis à l’intérieur du tube de selle).
Les modifications de géométrie apportées au Straggler ne devraient pas bouleverser son comportement. Elles ont essentiellement trait au confort.
Une douille de direction plus haute favorise une position plus détendue (sans avoir à empiler une montagne d’entretoises sous la potence, comme on voit souvent sur des vélos Surly). Un tube supérieur nettement plus incliné laisse davantage de dégagement à l’entrejambe quand on met pied à terre. Un tube de selle plus court permet le montage d’une tige de selle télescopique.
Pour un bon rendement au pédalage, le tube de selle est un peu plus redressé que précédemment. Cette modification a aussi pour effet de porter plus en avant le poids du cycliste – ce qui en soi est un peu moins confortable – mais elle rapproche en même temps la selle du guidon. Au final, l’impact sur le confort devrait donc être assez neutre.

Le tube de direction est un tantinet plus incliné que précédemment (71,5° contre 72°), si bien que le vélo devrait gagner légèrement en stabilité. Il conserve néanmoins un pilotage plus nerveux qu’un gravel moderne, et se prête mieux à rouler sur des routes de campagne ou des chemins bien damés que sur des sentiers cahoteux.
Le kit cadre est disponible en 2025 soit en vert (“Subtropic Algae”) soit en vermillon (“Shaggy Carpet”), au tarif de 800 €.
La fourche devrait être disponible également à part, pour un tarif approchant les 200 €.
Avec ce nouveau cadre, deux nouveaux montages sont proposés.
Le vélo vert “Subtropic Algae” est basé sur une transmission sportive de belle qualité. Il s’agit d’un groupe Shimano GRX en 2×12 vitesses. Une cassette 11-36 combinée avec un pédalier 46-30 résulte en des braquets resserrés, plutôt portés sur les grandes vitesses. (Dans une optique de randonnée, il faudra vraiment partir léger.)



Les étriers de freins sont des Shimano GRX hydrauliques également, mais d’une gamme moins élevée (RX410). Ils sont associés à des disques de diamètre 160 mm.
Ce montage reçoit des pneus semi-slick Teravail Washburn (lisses au milieu, cramponnés sur les côtés), en largeur 45 ou 47 mm selon la taille des roues. Il comprend également une tige de selle télescopique Trans-X JD-YSP38J avec 90 mm de débattement, et une selle WTB Gravelier, fendue en son milieu pour réduire les pressions sur le périnée.
On a donc là un montage porté sur une pratique nerveuse du gravel.
La version vermillon “Shaggy Carpet”, plus économique, mise davantage sur les terrains rugueux.

Elle s’articule autour d’une transmission Shimano CUES U6000 en mono-plateau, qui privilégie la simplicité et le prix plutôt que l’étagement subtil des vitesses. Avec onze pignons de 11 à 50 dents et un plateau de 40 dents, elle réduit un peu la cadence par rapport au montage GRX, sans toutefois se montrer très propice à la randonnée. (Au plus bas on dispose d’un développement de 1,79 m avec les grandes roues, ou de 1,70 m avec les petites.)
Le freinage à disque est hydraulique également, toujours dans la gamme CUES 6000, toujours avec des disques de 160 mm.
Ici la tige de selle est classique. La selle WTB Volt n’est pas percée, mais elle offre suffisamment de creux pour un soulagement similaire du périnée. Les pneus Surly Knard ont des crampons au dessin plus proche du cross-country.
Cette version est donc peut-être un peu plus propice à arpenter les chemins de terre.
Pour le reste, les deux montages sont pourvus d’un cintre gravel Salsa Cowchipper et de roues basées sur des moyeux Novatec à 36 rayons.

Les deux montages reviennent à peu près au même poids : 12,35 kg environ en taille 56.
Le prix les distingue bien plus clairement, à 2 000 € pour le montage CUES sur cadre orangé, contre 2 700 € pour le montage GRX sur cadre vert.
Kits-cadre et vélos complets seront disponible à la fin octobre. Plus d’infos sur surlybikes.com.
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