Un petit tour... Épisode 6

On la boucle ! 

Nous repartons de Metz au cœur de la Lorraine pour rejoindre la frontière allemande et l'Alsace. La route pour quitter la Lorraine est relativement lassante (pas de photos à partager à part un couple de cigognes sur une cheminée). Seul le passage par Bitche est intéressant: la commune cultive sa différence historique vs les communes environnantes, suite à sa résistance pendant un an de plus face à l'Allemagne en 1870.

L'entrée en Alsace en arrivant dans le Bas-Rhin est assez spectaculaire: autant jusqu'à présent dans notre tour de la France, les transitions entre les styles d'habitat étaient progressives (et parfois difficiles à rapidement déceler), autant la transition entre Lorraine et Alsace est absolument radicale: on ne peut pas se tromper, on est bien arrivé en Alsace avec ses maisons à colombages parfaitement entretenues et fleuries.
Après un passage près de Lembach (dans un camping où il n'y a pas du tout de signal GSM (ca fait du bien de déconnecter!!), nous montons plusieurs cols, dont le col du pigeonnier (visiblement un challenge local à 432m), avant de basculer sur Wissembourg, une charmante bourgade proche de la frontière allemande. On y arrive un dimanche matin, et en Alsace le dimanche, tous les magasins sont fermés (y compris les boulangeries)!! Après avoir tourné, on trouvera finalement la seule supérette de la ville ouverte ce dimanche matin, pour se dépanner avec quelques victuailles...

Suite à un conseil d'un local, nous n'irons pas jusqu'à la frontière Est de la France le long du Rhin: à priori on y roule derrière des digues qui empêchent de voir le Rhin, les berges du Rhin sont très industrialisées et il y fait une chaleur étouffante. A la place nous prenons depuis Wissembourg, une route plein Sud qui ondule à travers les collines et les petits villages, tous plus mignons les uns que les autres. Nous passons entre autre à Betschdorf qui est un village de potiers assez réputé dans le coin.

Avant d'arriver à Strasbourg, nous ne manquons pas de faire un crochet par les écluses de Gambsheim sur le Rhin à la frontière avec l'Allemagne. Celles-ci sont les plus grosses écluses d'eau douce en France. Une grosse passe à poissons est aménagée sur le bord de celles-ci.

Nous arrivons ensuite à Strasbourg où, comme pour d'autres villes précédemment traversées, nous nous posons une journée afin de visiter tranquillement. Et la ville mérite vraiment un minimum de une journée de visite: nous nous promenons à la fois dans le vieux Strasbourg (petite France, quartier de la cathédrale, ...) et dans le Strasbourg des institutions européennes: autant dire que l'on finit notre 7éme journée de "repos" bien fatigués! Mais que la ville est belle...

Durant notre arrêt à Strasbourg, nous avons à nouveau pu bénéficier de conseils pour la suite de notre itinéraire: mon plan initial était de longer la frontière Suisse en passant par l'Est de Mulhouse. La recommandation que l'on a suivi était de prendre à l'Ouest de Mulhouse par la route des vins d'Alsace: Cet itinéraire a été de toute beauté: je le conseille à mon tour sans aucune hésitation! 
Donc, après avoir quitté Strasbourg le long du canal du Rhône au Rhin, nous rejoignons la zone viticole de l'Alsace où s'enchaînent des villages magnifiques: Ebersheim, Bergheim, Ribeauvillé,... au milieu de collines couvertes de vignes.

Le parcours est exigeant car la petite route touristique que nous empruntons n'arrête pas de monter (raide) et descendre. Le summum est la côte à environ 12% que nous devons gravir avant d'atteindre la pépite du coin: Riquewihr. Nous finissons notre première journée "route des vins" à Turckheim, toujours en ondulant sur des côteaux très agréables (et sans trop de circulation car nous évitons les grands axes touristiques)

Le lendemain matin, deuxième pépite au programme avec la visite de Colmar et une mention spéciale pour la petite Venise. Encore une très belle ville...

Vous l'avez compris, toute cette région est belle, mais je ne résiste pas à la tentation de vous partager encore quelques photos du village suivant que nous traversons, à savoir Eguisheim...

Après Eguisheim, les villages sont un peu moins typiques et hauts en couleurs. Notre route va devoir quitter l'Alsace et entrer dans le Doubs. Nous rejoignons l'EV6 jusqu'à Audincourt, puis suivons les indications de la GTJ (Grande Traversée du Jura) à partir d'Audincourt. Nous attaquons maintenant de vraies côtes montagneuses: il faut passer le passage de la douleur (ça ne s'invente pas) à 796m avant d'atteindre Saint-Hyppolyte. Après Saint-Hippolyte, nous avons redécouvert un élément oublié depuis quelques semaines de voyage: l'herbe verte!! Mais pour la trouver, il a fallu monter sérieusement. On a longé la Suisse vers Goumois avec de beaux paysages de montagne, des plateaux très verdoyants et quelques cols à enjamber (col des Combes, col de la Vierge).

Cette route de montagne, proche de la frontière suisse, nous permet de redescendre ensuite jusqu'à Morteau, pays de la fameuse saucisse. Sur nouveau conseil d'un local, nous ne prenons pas la grande route qui descend vers Pontarlier, mais partons à l'Est de Morteau par les montagnes avec de nouveaux cols au programme. En descendant du col sur le Mont, nous tombons par hasard sur la fête du Mont d'Or (le fromage) et la descente des estives: nous nous y arrêtons un moment pour profiter de l'ambiance bon-enfant au coeur des alpages.

Nous rejoignons ensuite une vélo route jusqu'à Pontarlier, puis enchaînons sur le Jura en passant près du lac de Saint Point et du lac de Remorey. Bien que le temps soit un peu couvert le paysage est très beau (et très vert, ca fait du bien!!).
En arrivant à Foncine-le-haut (notre destination de la journée), nous tombons nez à nez avec nos enfants qui nous ont fait la surprise de venir nous voir depuis Lyon! Grand moment de bonheur car ce n'était absolument pas prévu, et que cela faisait déjà plus de 2 mois qu'on ne les avait pas vu...

Mais la pause sentimentale ne nous arrêtera pas dans notre tour!
Nous voilà donc reparti dans notre traversée du Jura. Routes peu intéressantes vers Morbier et Morez en passant par le col de la Savine (à éviter car pas mal de circulation). La montée sur Prémanon qui suit est sur une route plus tranquille et agréable. 
Après Prémanon, nous sommes à nouveau obligé de prendre un bout de nationale pour arriver au col de la Faucille, mais cette fois le trafic est raisonnable. C'est une tarte aux myrtilles qui ponctue notre montée à ce col, le plus haut de notre itinéraire (1323m). Ne reste plus ensuite qu'à se laisser glisser jusqu'à Gex où nous faisons étape dans un camping quasi vide en cette fin Août.

Nous sommes donc revenus près de la frontière suisse. Notre but est ensuite d'aller jusqu'à la Croix-de-Rozon (Suisse), près de Archamps (France), pour rendre visite à une nouvelle petite nièce née pendant notre périple...
Nous n'irons pas de l'autre côté du lac Léman vers Thonon et Evian. A la place, nous revenons sur nos pas pour passer le col du petit Sion, redescendre jusqu'à Seyssel en empruntant le Via Rhona, longer la lac du Bourget, puis rejoindre Aix-lesBains.

Depuis Aix-les-Bains, il ne nous reste plus qu'une soixantaine de Kms pour rentrer à la maison... Ce sont probablement les Kms que l'on a fait le plus lentement tant on ne voulait pas rentrer! Arrêt à Chambéry pour le café, arrêt au lac Saint-André vers les Marches pour le pique-nique.

Mais il faut bien se rendre à l'évidence: notre boucle est bouclée, l'aventure est terminée et il va falloir retrouver notre chez nous et notre routine... Nous allons prendre un peu de repos, revoir tous ces gens qui nous ont manqué pendant deux mois et demi, et reclasser tous nos souvenirs qui se bousculent dans nos têtes.

Notre tour de la France touche à sa fin après 78 jours (dont 7 sans vélo), 5505Kms et environ 36000m de montées (et autant de descentes!)
"Petit tour", car nous ne sommes pas allés dans le Sud-Est de la France que nous connaissons déjà bien. Mais ce petit tour nous a procuré un immense bonheur et nous a abreuvé de multiples paysages et de rencontres enrichissantes. La France est vraiment belle!

Ce tour n'est pas un exploit sportif mais plus un challenge de motivation et de constance pour se relancer sur la route tous les jours. L'attrait de la découverte a bien aidé. La météo très favorable y a largement contribué et les encouragements de la famille et des amis aussi!!

Pour finir ce dernier épisode, je ne remercierai jamais assez mon épouse qui malgré les incertitudes des premières semaines ne s'est jamais plainte, était toujours partante pour aller plus loin, pour se lever à 7h (ou moins) tous les matins, plier le matelas, la tente, ranger les sacoches, et serrer les dents quand les cuisses font mal à la première bosse de la journée (et tout cela avec le sourire).

Ce post est maintenant terminé. J'espère qu'il vous aura intéressés, vous aura fait voyagé et peut-être vous aura inspiré.
Je posterai un épilogue à ce récit pour partager quelques retours d'expérience suite à ce voyage...

Prenez la route !!