Pour qui recherche un vélo prêt à partir, rares sont les modèles aussi bien dotés à la sortie de l’usine. À lire la liste des équipements, on comprend que Decathlon a tenté de cocher toutes les cases — et il faut dire que l’essentiel y est, pour un tarif très agressif.

Si on commence le descriptif par la base – à savoir le cadre – on tombe toutefois d’entrée de jeu sur un des quelques points discutables. Car ce vélo est fait d’aluminium, quand l’acier reçoit généralement la préférence des voyageurs.
Bien que plus léger, l’aluminium n’absorbe pas aussi bien les vibrations, ce qui le rend moins confortable, et cassant sur le long terme. Il est aussi difficile à réparer en cas d’accident, et ses filetages se détériorent plus facilement.
Mais n’exagérons rien : l’acier n’est pas un impératif, et la sélection de tubes opérée par Decathlon semble soignée, avec notamment des formes coniques ou ovales qui renforcent le cadre aux bons endroits sans le rendre inutilement raide.
La géométrie du vélo semble ne pas avoir bougé avec le changement de nom du vélo. Elle est conforme au programme établi pour cet engin : un engin stable, dont la direction ne souffrira pas qu’on charge la fourche, et dont l’arrière long suivra la ligne sans faire de fantaisies. La douille de direction haute favorise une position relevée, et les photos montrent une potence montée au-dessus d’un bel empilement d’entretoises, orientée vers le haut : on est dans le confort assumé.

N.B. : Decathlon indique que sa machine peut convenir à des personnes mesurant 1,55 m à 2,01 m. Cette amplitude paraît un peu exagérée. On veillera à faire un essai significatif avant de passer à la caisse, si on se trouve dans les extrêmes de ces mesures.
Le cadre est truffé d’inserts : 33 points filetés pour garde-boue, porte-bagages, porte-bidons et autres accessoires. C’est généreux. Même si certains semblent voués à un usage un peu marginal…

Pour les longues virées (et même en-dehors de cette optique), on pourra regretter le passage interne des câbles, moins pratique à entretenir qu’un montage externe. Heureusement, les freins sont à tirage par câbles (on reviendra sur ce point), ce qui causera moins de complications que s’il s’était agi d’un système hydraulique.
Le cadre beige et les porte-bagages noirs du ADVT 900 se distinguent nettement du beige sur fond vert foncé qu’arborait le Touring 900.
L’ADVT 900 repose sur un montage cohérent et sérieux.
Shimano ayant cessé de produire ses transmissions trekking à triple plateau, l’ADVT 900 adopte un nouveau groupe CUES 2×11 vitesses.

Avec des développements s’échelonnant de 1,60 m sur la plus petite vitesse à 9,41 m au plus grand, on reste sur une plage similaire à l’ancien modèle. Peut-être aurait-il été judicieux d’opter pour un pédalier 40-26 dents au lieu du 46-32 : on y aurait gagné la possibilité de réellement mouliner les montées (1,30 m de développement), sans regretter les plus grandes vitesses, qui sont de toute façon inexploitables sur un vélo chargé.
Les transmissions CUES, pensées pour les vélos électriques, sont capables d’encaisser des couples importants : voilà qui correspond tout aussi bien aux besoins d’un vélo de voyage !
En optant pour du frein mécanique plutôt qu’hydraulique (comme le voudrait la tendance), Decathlon joue la carte de la simplicité, avec pour atouts un entretien plus facile, et des dépannages possibles au bord de la route.
Le modèle Spyre de chez TRP est reconduit, et c’est une bonne nouvelle. C’est l’une des quelques références de freins à disques à tirage par câble qui offrent une puissance et une modulation appréciables. C’est même le seul frein mécanique à double piston, pour éviter la déformation du disque.
Ce modèle accepte les plaquettes de Tektro comme celles de Shimano, ce qui facilite l’approvisionnement.
Le guidon “droit” de l’ADVT 900 est en réalité légèrement courbé vers l’arrière, pour une position plus naturelle des poignets. Sa largeur convient bien à un programme de cyclotourisme. (620 mm pour les tailles S et M du vélo, et 660 mm en L et XL.)

On pose les mains sur des poignées ergonomiques Herrmans Adrenalin. Elles sont pourvues d’ailettes visant à soulager les poignets, et de courtes cornes qui fournissent une position alternative — afin de limiter les douleurs et engourdissements, et pour se cramponner quand ça grimpe dur !
Fonctionnalité assez rare : le jeu de direction intègre une butée de stabilisation, qui évite à la roue de basculer quand le vélo repose sur la béquille. Sauf… que le vélo est vendu sans béquille ; c’est ballot !
On posera son séant sur la fameuse selle en cuir Brooks B17 : un grand classique du voyage, appréciée pour son confort (qui s’affirme à mesure que le cuir se rode) et sa durabilité (à condition de l’entretenir avec soin). Decathlon a même opté pour la variante dite “Imperial” de ce modèle, fendue en son milieu pour réduire la pression sur le périnée, et pourvue d’un lacet pour ajuster la souplesse.
La selle est un artefact très personnel : à chacun sa préférence. Mais en partant sur ce modèle, on augmente des chances de viser juste. Et si vraiment elle ne convenait pas, c’est une référence facile à revendre.
Nouvel ensemble pour l’ADVT 900. Montées sur les très robustes jantes DT Swiss HU 1900, on regrettera peut-être que ces roues comptent seulement 28 rayons, qui ne garantissent pas une structure aussi fiable. (Le Riverside Touring 900 comptait 36 rayons, un standard devenu un peu obsolète, mais 32 rayons auraient constitué un bon compromis.)

Le moyeu arrière aussi est de chez DT. Il s’agit du modèle 370 : performant, et sans mauvaises surprises.
À l’avant, la roue est rayonnée sur un moyeu-dynamo Shutter Precision PD7. Peut-être pas le plus efficace en matière de rendement électrique, mais sa durabilité n’est plus à démontrer. On reviendra plus loin sur la question des équipements électroniques.
Des pneus 28” Schwalbe Marathon Plus Tour viennent chausser les cercles. Là encore il s’agit d’une référence pour le voyage au long-cours. Ces pneus sont à peu près inusables et increvables. Leur profil de crampons et leur section de 47 mm feront l’affaire aussi bien sur route que sur chemins de terre battue.
Un sujet important pour un vélo de voyage, car ce que n’inclut pas le prix du vélo, il faudra probablement l’ajouter sur la note !
Spécialement conçus pour ce vélo, les porte-bagages avant et arrière sont bien intégrés, avec de nombreux points de fixation, aucun réglage inutile, et une tenue à toute épreuve.
D’ailleurs Decathlon les garantit pour des charges de 25 kg à l’avant, et 50 kg à l’arrière, ce qui dépasse assez largement les limites courantes.

L’un et l’autre (avant et arrière) offrent une plateforme sur le dessus, et des rails sur-baissés pour recevoir les sacoches latérales. Ils sont aussi pourvus tous deux de supports pour l’éclairage.
Grâce au moyeu-dynamo, le vélo produit une petite quantité de courant électrique (jusqu’à 6 V - 3 W). Largement de quoi alimenter un phare Axa 30 Lux à l’avant, et à l’arrière un feu Axa Blueline.
Un port USB Cycle2Charge est intégré au cockpit. Il permet de recharger un appareil (ou plutôt une batterie tampon, pour éviter d’endommager un téléphone ou un GPS à cause d’un courant irrégulier).
Une installation de ce type permet de gagner en autonomie. Elle ne dispense cependant pas de se montrer économe, car la production électrique est faible (0.5 A).
Pour protéger des projections aussi bien le pilote que la mécanique, des garde-boue équipent le vélo. Fabriqués en aluminium et pourvus de tringles épaisses, ils devraient s’avérer particulièrement solides.
Les photos de l’engin font apparaître une sonnette… hélas très anecdotique, tout juste bonne à se signaler aux piétons qui marcheraient sur la piste cyclable…
Au chapitre des pièces manquantes, on devra se procurer les pédales séparément.
Le vélo ne dispose pas non plus d’une béquille, d’un rétroviseur, d’un antivol, ou de porte-bidons : autant d’accessoires qu’il faudra peut-être acheter en plus.

Bref, il pourrait manquer à la marge quelques éléments secondaires, mais le tableau d’ensemble est solide.
En tout cas pour qui cherche un vélo prêt au départ (ou presque). Évidemment, des cyclistes plus portés sur la technique pourraient être contrariés par divers éléments qu’ils auraient vus autrement. (Tel aurait préféré un cadre acier, ou des roues faites autrement, une autre forme de cintre, de plus petits développements, etc.) Les solutions clés en main ne sauraient contenter tout le monde – et certainement pas les perfectionnistes !
Avant d’en venir au prix que coûte un tel vélo, mentionnons le poids que ça pèse : autour des 16,5 kg selon la taille. C’est beaucoup.
Et en même temps, une fois la tente posée sur le porte-bagages, une fois les sacoches bourrées de tout ce qu’on emporte sur une grande expédition, une fois la gourde remplie et les provisions faites, 1 kg de plus ou de moins, ça ne compte plus tant que ça…
Que les choses soient claires : il ne s’agit pas d’un vélo de bikepacking. Pour s’aventurer sur les sentiers GR ou pour avaler 120 km par jour, il vaudra mieux se trouver une monture plus svelte. On a là un engin pensé pour une approche moins sportive, plus contemplative de l’itinérance à vélo, et plus axée sur le confort d’un équipement complet, dans une approche traditionnelle du cyclotourisme.
Mais si tel est bien votre projet, alors pour un tarif de 1 700 € vous aurez du mal à trouver un vélo aussi fiable et aussi complètement équipé. Comme toujours, le rouleau compresseur Decathlon propose un rapport qualité-prix imbattable !
En vente uniquement sur la boutique en ligne de Decathlon.
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