Shimano renouvelle le haut de sa gamme GRX, en proposant trois montages, correspondant à trois approches du gravel. Pour l'itinérance, certaines options offrent des développements parfaitement adaptés.
Sous trois appellations différentes, Shimano catégorise les nouveaux composants de sa série GRX-800 selon la panoplie de développements proposés, et les pratiques qui y sont associées.
L’appellation unbeatable (imbattable) renvoie à un montage optimisé pour la vitesse. Ce groupe s’articule en mono-plateau, sur une cassette de 10 à 45 dents. C’est le plus léger des trois, et celui qui offre les rapports les plus resserrés, concentrés sur des développements importants.
Avec une cassette de 10-51, la variante unstoppable (inarrêtable) est celle qui offre les braquets les plus courts, pour affronter les côtes les plus délicates. Comme l’unbeatable, elle fonctionne en mono-plateau. Il s’agit d’une options particulièrement intéressante pour l’itinérance.
Enfin, la formule undroppable (imparable) tire parti du double-plateau pour jouer sur plusieurs fronts à la fois, avec des braquets qui descendent plus bas que l’unbeatable et tirent plus haut que l’unstoppable. Ici le plateau 48-31 peut être combiné avec des cassettes de 11-34 ou 11-36.
En outre, Shimano fait évoluer également la série GRX-600 (la gamme en dessous de GRX-800) vers des montages en 1×12 et 2×12 vitesses. Un double plateau 46-30 est proposé en combinaison avec les mêmes cassettes que le groupe unbeatable, tandis que les pédaliers à plateau simple sont prévus pour une combinaison avec les cassettes 10-45 et 10-51.
Étant donné la tendance du moment pour les produits high-tech et la logique commerciale de proposer toujours plus de sophistication, on aurait pu s’attendre (c’est en tout cas ce que j’aurais imaginé) à ce que la nouvelle itération des transmissions Shimano GRX-800 passe à l’électronique.
Il n’en est rien. Et pour beaucoup de cyclo-voyageurs j’imagine que c’est un soulagement. Shimano n’a pas encore enterré les bonnes vieilles transmissions par câbles, qui vous mènent dans les coins perdus de ce monde avec de meilleures garanties que les systèmes électroniques !
Pour le freinage en revanche, on n’aura d’autre choix que l’hydraulique.
Si cette option n’a pas les atouts de simplicité d’un système mécanique à tirage par câbles, il promet néanmoins d’excellentes qualités de puissance et de modulation.
Shimano avance d’ailleurs que grâce à des plaquettes légèrement plus écartées du disque, la modulation serait améliorée.
Les leviers s’inscrivent dans la logique usuelle de Shimano de proposer de larges cocottes, pour un meilleur appui et une meilleure répartition de la pression sous la main. Ici la conception est optimisée pour un montage sur les cintres évasés caractéristiques du gravel.
Shimano vante aussi un revêtement anti-dérapant sur lequel les mains ne devraient pas glisser, même sous la pluie.
On reproche parfois à Shimano l’ampleur des mouvements nécessaires pour actionner les vitesses. Il semble que le nouveau GRX apporte des améliorations sur ce point.
Pour le levier de gauche, la version undroppable commande évidemment le dérailleur avant ; mais en mono-plateau le choix est offert d’un simple levier de freins ou d’un levier capable aussi d’actionner une tige de selle télescopique.
À l’instar de ses modèles 12 vitesses dédiés au VTT, Shimano a pourvu les nouveaux dérailleurs GRX d’un stabilisateur de chaîne, qui évitera que celle-ci ne vienne battre les bases du vélo ou qu’elle ne déraille dans les chaos.
Ce stabilisateur peut être désengagé afin de faciliter le démontage de la roue. On peut aussi ajuster sa tension au moyen d’une vis de réglage.
Selon que l’on optera pour un groupe en mono ou en double plateau, on se trouvera dans deux cas de compatibilité.
En double plateau, les cassettes 11-34 et 11-36 demeurent compatibles avec les traditionnels corps de roue libre HyperGlide (HG), ainsi qu’avec leur version modernisée HG L2 pour groupes de route à 12 vitesses.
Pour le mono-plateau, qui a recours aux cassettes VTT pourvues d’un petit pignon de dix dents seulement, il faudra impérativement disposer d’un corps de roue libre de type Micro Spline.
Le lancement des groupes GRX 12v s’accompagne d’ailleurs de la sortie de roues carbone dédiées au gravel, estampillées RX880. Orientées performance, elles minimisent le poids (notamment par le matériau de la jante et le nombre des rayons) et intègrent la même technologie Direct Engagement que les roues Dura-Ace, tout en assurant la compatibilité avec les corps de roues libres Micro Spline et HG L2.
Les groupes GRX en mono-plateau fonctionnent avec les cassettes de VTT SLX et XT. Sur ce plan, Shimano emboîte le pas à MicroSHIFT et à SRAM, et c’est une nouveauté très appréciable notamment dans l’optique du voyage à vélo.
Cependant les dérailleurs GRX ne peuvent pas être actionnés par les manettes de VTT, et réciproquement.
On pourra regretter également que les pédaliers simples ne soient proposés que dans des options de 40 ou 42 dents. Combinés avec les 51 dents de la cassette XT, cela résulte en un braquet minimum de 0.78, qui pourrait s’avérer insuffisant dans certaines conditions (fortes pentes, lourde charge, gros pneus…)
De même, les nouveaux pédaliers GRX ne peuvent être montés que sur des boîtiers de pédaliers d’une largeur de 68 mm, ce qui exclut certains vélos gravel qui flirtent de plus près avec les standards du VTT.
Cependant (et c’est une excellente nouvelle), il est possible de monter un pédalier de VTT au sein d’un montage GRX 12v, et de bénéficier par conséquent des mêmes développements que sur un montage Deore, SLX ou XT. Il s’agit là d’une formule intéressante aussi bien pour les voyageurs qui emportent beaucoup d’équipement que pour les adeptes de la rando sur un monstercross. (Enfin du gravel qui permet vraiment mouliner dans les côtes !)
On pourra aussi mêler les composants des groupes GRX 12v des séries 600 et 800, pour bénéficier sur un montage de qualité GRX-800 des plus petits plateaux proposés pour le GRX-600.
Enfin, bien que les étriers de freins associés aux groupes GRX demeurent au format flat-mount, les leviers peuvent tout aussi bien actionner les étriers post-mount des groupes VTT Shimano, du moment que ceux-ci sont prévus pour un freinage hydraulique à double-piston.
Au final, le GRX 12 vitesses apporte dans le domaine du gravel des éléments qu’apprécieront les voyageurs à vélo, à commencer par de tout petits braquets et un confort accru.
Une option de freinage mécanique aurait été appréciée, mais l’hydraulique semble plus au goût du jour. (Peut-être y reviendrons-nous si les systèmes hybrides hydromécaniques gagnent en popularité.)
À des tarifs de 1590 € pour un groupe complet en mono-plateau, et 1630 € avec pédalier double, le GRX-800 n’est pas à la portée de toutes les bourses. Le prix du RX610 n’est pas encore connu, mais devrait en toute logique être légèrement plus accessible.
On pourra trouver sur le site officiel de Shimano toutes les caractéristiques techniques des divers composants.
