On le sait, les vélos de chez vsf fahrradmanufaktur sont solidement équipés pour le voyage. Mais que nous dit la géométrie du cadre sur leur caractère profond ?
Porte-bagages arrière et avant, pneus increvables, dynamos, transmissions à l’épreuve des plus longues côtes… dans la gamme Expediton de vsf fahrradmanufaktur, tout l’équipement connote le voyage au long cours, et la marque allemande ne manque pas de communiquer sur ces caractéristiques.
Mais si la sélection des composants est un critère incontournable dans la conception d’un vélo, le cadre est la base sur laquelle s’arc-boute tout ce matériel.
Il y a le matériau bien sûr (ici l’acier chromoly, dont les qualités sont bien connues), mais la géométrie du cadre détermine la position du cycliste tout autant que le comportement du vélo : des caractéristiques fondamentales qui distinguent en premier lieu un vélo de route d’un VTT, d’un vélo urbain, ou en l’occurrence d’un vélo de voyage.
Ces aspects plus techniques sont généralement moins connus du grand public, et les marques ne s’étendent pas dessus. Il faut un peu remuer les chiffres par soi-même pour comprendre leur sens caché, et en apprendre davantage sur ces vélos réputés.
Le catalogue de vsf étant assez étendu. On se concentrera ici sur les quelques vélos de la gamme expedition, qui sont les plus réputés pour le voyage. Cette gamme comprend les noms familiers suivants :
Pour une présentation plus détaillée de l’équipement de ces vélos, je vous renvoie à ce précédent billet.
En termes de géométrie, le confort d’un vélo est d’abord déterminé par la position qu’induit le cadre.
On estime généralement qu’une position assez redressée est préférable pour enchaîner les heures, les jours, les mois de route. Pourtant dans l’ensemble les cadres considérés ici ont une douille de direction assez basse.
Dans le sens de la longueur, on constate sur tous ces modèles que le tube supérieur est plutôt court (ce qui irait dans le sens de plus de confort) mais que les potences assez longues retenues pour le montage contribuent au final à allonger la position du cycliste.
Faible hauteur, longueur conséquente : ces vélos n’offrent donc pas la position redressée qu’on aurait pu croire. (Il sera néanmoins possible de troquer la potence pour un modèle plus court et/ou plus redressé, ou bien d’adopter un nouveau cintre offrant un balayage plus important vers l’arrière. Les cintres multi-positions présentés dans un précédent billet pourraient être de bons candidats.)
Enfin, pour qui souhaiterait améliorer son confort par le montage de pneus larges, il est à noter que tous ces cadres acceptent au maximum un diamètre de 50mm (et même seulement 35mm en ce qui concerne le TX-Randonneur). En voyage, on considère que c’est une bonne base, mais on est bien loin des pneus de 3 pouces qu’on a vu se développer dans la décennie 2010 pour la randonnée VTT.
Une caractéristique typique du vélo de voyage est que sa stabilité a tendance à s’accroître d’autant qu’on le charge. Les vélos vsf ne manquent pas à cette règle.
Sur le train arrière, tous sont pourvus de longues bases. Cette caractéristique se traduit par une grande stabilité du vélo. Elle tend également à décaler le porte-bagages vers l’arrière, évitant ainsi que le talon du cycliste ne heurte les sacoches.
De la même manière, les vélos vsf expedition combinent à l’avant un angle de direction et un déport de fourche allant à l’encontre de l’auto-engagement de la roue avant dans les virages. Par conséquent, le vélo offre un bon contrôle même quand il est chargé à l’avant.
On notera par contre que le faible écart entre le pédalier et la roue avant du TX-800 pourrait entraîner des petits coups de pied occasionnels.
La longueur de potence, que le critère du confort aurait pu faire déplorer, est propice à maintenir une direction stable. La position légèrement inclinée en avant est également plus efficace quand il s’agit de hisser un vélo de 40Kg dans les cols de montagne.
On trouvera sous ce registre la contre-partie de la grande stabilité des vélos vsf.
Les longues bases rendent l’arrière du vélo difficilement manœuvrable.
De même, les mêmes caractéristiques qui favorisent la stabilité d’un vélo chargé à l’avant sont un désavantage quand il s’agit de descendre des pistes cahoteuses. La faible chasse induit un contrôle plus difficile de la direction quand la vitesse s’accroît, et les guidons relativement étroits montés en série sur ces différents modèles n’offrent pas suffisamment d’effet de levier pour maintenir sa trajectoire quand la piste devient mauvaise.
Sur sentiers, la faible hauteur du boîtier de pédalier entraînera certainement des coups de pédales contre des pierres saillantes. La fourche ne propose pas non plus d’œillets pour monter des cargo cages, qui positionneraient les sacoches plus haut que sur le porte-bagage Tubus Tara.
Enfin, comme mentionné précédemment, les cadres de cette série ne permettent pas de monter les pneus larges qui offriraient une meilleure accroche sur des chemins gravillonneux ou boueux.
En inspectant la grille des caractéristiques géométriques de ces vélos, il apparaît que les cadres vont dans le même sens que les composants retenus pour le montage : on a bien affaire à des vélos prévus pour rouler chargé, voir très chargé ; leur stabilité ne devrait pas en pâtir.
Les adeptes du bikepacking en revanche feraient peut-être bien de s’orienter vers d’autres marques, car les vélos de vsf fahrradmanufaktur ne présentent pas les caractéristiques de manœuvrabilité qu’on pourrait souhaiter pour une approche plus vététiste.
On s’en tiendra de préférence avec les vélos de cette marque aux voies carrossables.
Si les vélos de vsf fahrradmanufaktur ont des caractéristiques communes en comparaison de ce que d’autres marques proposent, ces quelques modèles ont aussi quelques différences entre eux.
Outre la sélection de composants, le choix de l’un ou l’autre des modèles pourra être influencé par le confort de sa géométrie.
Sous cet aspect les TX-1000 et TX-1200 proposent des positions plus redressées que les TX-400 et TX-800. (Le TX-800 proposant la posture la plus sportive, et le TX-1200 la plus décontractée.)
Question stabilité, si tous ces vélos ont un arrière-train assez long, cette caractéristique est vraiment très marquée sur les TX-800, TX-1000 et TX-Randonneur. Cette spécificité favorise également le montage de très grandes sacoches.
Pour le reste, les mesures de ces vélos soit sont assez semblables d’un modèle à l’autre, soit se contrebalancent entre elles pour aboutir à un profil similaire. (Seul le TX-Randonneur est difficilement comparable aux autres modèles, de part sa construction proprement routière.)
Nota :
Dans mes comparaisons, je me suis penché en particulier sur la taille 570 de tous ces modèles, qui correspond à mon propre gabarit, et dont les mesures me sont par conséquent plus familières. Des nuances pourraient apparaître dans les autres tailles.
Mes sources :
- Les tables de géométries fournies par le fabricant : https://www.fahrradmanufaktur.de/pdfs/rahmengeometrien/rahmengeometrie_vsf_fahrradmanufaktur_2021.pdf
- Les dimensions complémentaires, calculées par Bike Insights : https://bikeinsights.com/brands/5f3ef5a82f4a580017c1c5d9-vsf-fahrradmanufaktur
Pour plus de détails sur les montages respectif de ces vélos, je vous renvoie à cet autre billet.
En effet, peu de vélos de randonnée ont une entrée réellement basse. Certains modèles de chez vsf proposent néanmoins un cadre en trapèze, qui est plus facile à enjamber qu'un cadre en diamant.
Pour ce qui est de parcourir 200 Km en quelques jours avec un vélo de ville, oui ça peut bien se faire. Tu risques seulement d'avoir un peu plus mal aux fesses et de cumuler plus de fatigue que sur un vélo prévu pour parcourir de plus longues distances.
Si ton budget le permet, le vélo sur-mesure est une excellente solution quand on a du mal à trouver un engin adapté à sa morphologie. En Alsace, les cycles Manivelles connaissent bien à la fois le vélo de randonnée et le vélo de ville. Sans doute aussi qu'ils pourraient anticiper une électrification future… Ils font du très beau travail. https://cyclesmanivelle.com/