Quand SRAM et Shimano rivalisent sur des produits relativement similaires, les composants développés par microSHIFT font de la résistance aux valeurs de compétition, et offrent à des prix jamais très élevés de solides éléments de transmission, qui apportent des solutions là où les leaders du marché semblent abandonner leurs clients.
Traditionnellement, les deux grands fabricants de transmissions (nommément SRAM et Shimano) proposent des gammes de route et de VTT hiérarchisées en qualité et en prix. Quand ils développent un nouveau système, il s’agit typiquement d’améliorer la performance sportive. L’innovation est introduite par le haut de gamme, puis se répand d’année en année dans les gammes inférieures, en des variantes simplifiées. À terme, les systèmes les moins technologiques ne sont plus fabriqués que dans des versions au rabais, ou finissent par disparaître tout bonnement du catalogue – alors que les nouveaux modèles n’apportent toujours pas des alternatives pertinentes à certains cas de figures.
Peut-être parce qu’elle ne prend pas la compétition comme moteur d’innovation, peut-être par un esprit d’indépendance plus important, peut-être poussée par une position de faiblesse sur le marché (ou pour quelque autre raison encore…), la société taïwanaise microSHIFT est parvenue depuis 1999, en ne jouant pas le même jeu que SRAM et Shimano, à se faire une place de plus en plus notable parmi les fabricants de transmissions. Voilà un moment que j’avais idée de mettre en lumière sur ce site cette marque dont j’apprécie la singularité.
Dans les années 2000-2010, microSHIFT s’est essentiellement attelée à combler les interstices abandonnés par les deux grands leaders, là où la course à l’innovation et aux économies d’échelles (ainsi sans doute qu’un penchant pour l’obsolescence programmée) les faisait délaisser des produits utiles mais peut-être pas assez en vogue. C’est ainsi que de nombreux composants mircoSHIFT viennent trouver place au sein de montages SRAM et surtout Shimano.
Plus récemment la marque a développé ses propres groupes. Sans chercher à rivaliser avec la concurrence sur le domaine de la compétition (ni sur celui du vélo électrique, qui tend à devenir le nouveau “moteur” du marché), elle propose en alternative aux logiques de performances maximisées un modèle caractérisé par la simplicité et la qualité, à des prix modérés.
Un peu partout où il y a des trous dans le catalogue de Shimano (et un peu moins systématiquement dans le catalogue de SRAM), celui de microSHIFT vient les combler.
Un levier de route pour moyeux à vitesses Shimano Alfine, et une manette VTT compatible avec les transmissions routières Shimano 11 vitesses.
Autre cas de figure particulièrement intéressant pour les grand voyages : microSHIFT maintient toujours à son catalogue des commandes à friction. Indexées initialement pour des transmissions de 8 à 12 vitesses (SRAM ou Shimano, route ou VTT), ces manettes peuvent aussi être débridées pour s’adapter à n’importe quel nombre de vitesses, à n’importe quel dérailleur. Les changements de pignons se font alors à l’oreille et au doigté (au lieu du simple clic des commandes modernes), mais en cas de panne et si on ne dispose pas des moyens de procéder à une réparation en bonne et due forme, cette logique permet de poursuivre sa route sans encombres.
Et si ce sont les manettes elles-mêmes qui cafouillent, la simplicité de leur mécanique permet aux cyclistes bricoleurs de les réviser de fonds en combles.
MicroSHIFT propose des commandes de ce type dans trois variantes : pour des montages aux extrémités d’un cintre routier ou de prolongateurs triathlon, sur un guidon de VTT ou de ville, ou encore pour un montage classique sur le cadre. (Et on peut encore noter chez le fabricant Gevenalle une version retoquée pour fonctionner sur des leviers de route.)
Mais ces dernières années ce n’est plus seulement sur des composants individuels que microSHIFT s’est fait remarquer, mais sur des groupes complets (ou quasi-complets, puisque la marque ne fabrique pas à ce jour ses propres chaînes ni pédaliers).
En rivalisant pour dénombrer toujours plus de vitesses sur leurs cassettes (onze vitesses, douze vitesses, et même treize chez Campagnolo), les marques tournées vers la performance mettent en place des systèmes toujours plus sophistiqués, coûteux à produire, et délicats à ajuster.
MicroSHIFT se démarque là aussi en focalisant son soin sur la conception de systèmes simples et fiables, dont les coûts peuvent demeurer accessibles.
Les pénuries de composants dues à la crise sanitaire mondiale ont mis davantage en lumière le groupe Advent X (adopté notamment par Surly pour plusieurs de ses vélos). Ce système mono-plateau déploie ses 10 vitesses sur une amplitude de 436 % (c’est-à-dire que le plus grand développement est 4,36 fois plus important que le plus petit) sans que le passage de l’une à l’autre ne soit trop contrasté (seul le passage du troisième au quatrième pignon excède de peu les 20 % d’augmentation que je tiens pour suffisamment confortables). Cette limitation du nombre de vitesses permet d’assurer une meilleure fiabilité des réglages et une plus grande robustesse du matériel que dans des systèmes plus étagés.
Les composants de ce groupe incluent la cassette et le dérailleur ainsi que deux types de commandes : pour un montage sur cintres de route ou gravel d’une part, ou sur des guidons droits ou multi-positions d’autre part. (MicroSHIFT ne propose pas de pédaliers ni de chaînes spécifiques, et renvoie pour ces composants aux produits des autres fabricants.)
Les passages de vitesses sur un groupe Advent X sont réputés pour leurs clics francs : certains en apprécient la netteté ; d’autre les trouvent un peu trop marqués…
Dans une optique de voyage au long-cours, on regrettera cependant que du fait d’une popularité moindre de la marque à l’international il puisse être compliqué de se procurer des pièces de rechange en dehors des pays les plus prospères.
Le groupe Advent (sans le "X") met davantage encore l’accent sur la robustesse et la fiabilité. Ici on descend à 1×9 vitesses. Sur des cassettes de 11-42 ou 11-46 dents, cela revient à une plus faible amplitude de développements (respectivement 382% et 418%) et de plus grands écarts entre deux régimes, mais le matériel est d’autant moins coûteux, tout en augmentant encore la qualité.
Il s’agit en fait d’un groupe moins adapté à l’itinérance qu’à une pratique tout terrain assez joueuse. Un nombre de vitesses plus restreint est parfois un atout quand le terrain est chaotique. Sur ce groupe aussi des commandes pour guidons de VTT ou de gravel sont offertes, et microSHIFT propose en outre pour les vélos monstercross ou autres gravels énervés une variante du levier de gauche auquel est intégrée une commande pour tige de selle télescopique.
Enfin, le groupe Advent est décliné dans une version "Super Short", dont les manettes sont adaptées aux petits doigts des enfants et dont le dérailleur ne raclera pas le sol sur un vélo aux roues de 20” ! Enfin du matériel de qualité à l’attention des plus jeunes !
Pour terminer, le groupe Acolyte est conçu spécifiquement à l’attention des enfants à partir de 6 ans. Tout comme l’Advent Super Short, il est dimensionné pour de petites mains et de petites roues ; mais il réduit encore le nombre de vitesses. Il s’agit d’une part de ne pas rendre les choses trop subtiles quand on a déjà du mal à tenir sa direction, et d’autre part de réduire encore le coût d’un vélo qui deviendra rapidement trop petit. Mais la qualité est là, pour faire ses début avec du matériel qui fonctionne !
La cassette Acolyte est étagée de 12 à 42 dents, ce qui combiné avec les roues de petite taille devrait pour une fois permette aux enfants de gravir les côtes sans avoir à pousser leur vélo !
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