Test : La sacoche Restrap Full Frame Bag voyage à la dure

Test : La sacoche Restrap Full Frame Bag voyage à la dure
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Sorti au printemps dernier, le Full Frame Bag de Restrap promettait de fournir au cyclo-voyageur tout ce qu'il peut attendre d'une sacoche plein-cadre : commodité, robustesse, étanchéité, etc. À l'occasion de mon voyage de cet été, Restrap m’en a confié un exemplaire pour une mise à l'épreuve du réel sur les chemins de terre d’Équateur.

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Test : La sacoche Restrap Full Frame Bag voyage à la dure

Avec son Full Frame Bag, Restrap complétait en mai dernier sa gamme Carry Everything, peu après y avoir ajouté une seconde option de sacoche demi-cadre. À l’examen de la fiche technique du produit, on pouvait s’attendre à une sacoche de première qualité.
Je ne referai pas ici de descriptif complet de ce modèle proposé dans trois tailles. (Je vous renvoie plutôt pour cela à la présentation que j’en avais donnée lors de sa sortie.) Rappelons seulement ses caractéristiques essentielles, et voyons ce qui ressort de l’expérience concrète.

  • Fabriqué en X-Pack VX21 et nylon 1000 deniers.
  • Montage par bandes velcros et sangles verrouillables.
  • Deux ouvertures côté transmission, une poche plate sur l’autre face.
  • Fermetures éclair imperméables.
  • Séparateurs internes.
  • Capacité, poids, prix :
    • Taille Small : 6L, 266g, 132€
    • Taille Medium : 7,5L, 320g, 144€
    • Taille Large : 9L, 365g, 156€
  • Fabriqué main en Angleterre. Garantie à vie.

Premier contact

Les photos promotionnelles du produit ne sont pas trompeuses. Dans les mains, la sacoche inspire confiance. Les matériaux et la réalisation semblent de qualité ; rien qui laisse imaginer une possible défaillance ici ou là. On reverra ça plus en détail.

Je n’aime pas beaucoup discuter les questions esthétiques (chacun ses goûts.), mais on peut souligner sans prendre vraiment parti que le design mise sur la sobriété et une certaine élégance. Les effets visuels se jouent pour l’essentiel sur les nuances de noir qu’apportent chacun des matériaux employés (textiles, sangles, mercerie…), avec en prime juste de petites touches de couleur apportées par l’étiquette de la marque et les cordelettes des fermetures éclair.

Commodité

Montage

Le montage s’effectue d’abord sur le tube supérieur, au moyen de trois bandes velcro (deux bandes en taille S) dont la largeur rassure quant aux risques d’arrachement des coutures. La longueur est juste ce qu’il faut pour entourer complètement un tube acier de taille standard, et devrait faire l’affaire pour des formats plus exotiques.
Sur le tube de selle et le tube diagonal, Restrap a opté pour des sangles, certes un peu moins pratiques à mettre en place que des velcros, mais qui permettent de mieux accommoder un cadre dont les dimensions ne correspondraient pas tout à fait à celles de la sacoche (à moins que ce ne soit l’inverse). Une boucle à clapet (cam lock buckle) permet de verrouiller le serrage, et un petit anneau en caoutchouc (une sorte de joint torique très robuste) permet de contenir l’excédent de sangle pour éviter qu’il ne flotte au vent ou ne se prenne dans la mécanique. (On pourrait aussi décider de couper la sur-longueur.)

Si le dessin de la sacoche est prévu pour un montage sur des vélos de route (dont le cadre est généralement moins long et plus spacieux que celui des VTT), j’ai eu la chance avec mon Big Bro que la taille M lui aille aussi bien qu’une sacoche faite sur-mesure ; à ceci près que j’aurais aimé voir la sacoche descendre jusqu’au boîtier de pédalier. J’y aurais gagné un bon litre de volume. Mais Restrap a fait le choix d’un fond interrompu pour assurer la compatibilité de son produit avec un maximum de vélos. C’est une des limites du “prêt à porter”.
Mais je dois dire qu’au-delà de ça j’ai été bluffé, après avoir essayé la sacoche sur d’autres vélos, par son excellente adaptation à chacun. Seulement une fois j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de jeu (et encore…) ; et puis après vérification j’ai constaté que la version Large aurait mieux convenu à ce cadre (voir le vélo bordeaux dans le diaporama ci-dessous). Il semble donc que l’échelonnement des trois tailles soit judicieusement établi.
Pour peu qu’on ait bien choisi une taille qui n’excède pas les dimensions intérieures de son cadre, les fixations font parfaitement leur travail : la sacoche ne gigote pas du tout sur la route. Le maintien est impeccable.

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Compartimentage

Le volume intérieur peut être divisé (au moyen de séparateurs à velcros) d’une part en un compartiment supérieur et un compartiment inférieur, et d’autre part entre l’avant et l’arrière du compartiment supérieur.
Personnellement, je trouve quasi-indispensable la séparation haut/bas. Sauf peut-être pour une taille S, il me paraîtrait bien peu commode d’explorer toute la profondeur de la sacoche à la recherche de la moindre lampe frontale ou paire de gants.
De plus, maintenir cette séparation en place permet d’éviter que le sac ne se bombe excessivement quand on le charge à plein et ne vienne frotter contre les genoux. (À moins que ce ne soit les genoux qui frottent contre le sac…) C’est donc un très bon point pour moi que ce séparateur. J’aurais même pu me passer de pouvoir le rabattre, mais pourquoi pas après-tout…

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Je n’ai jamais eu besoin du second séparateur en revanche ; et pour tout dire, il m’a un peu gêné. Malgré le soin que les gens de chez Restrap ont mis à ce que la bande de crochets (velcro = vel-ours + cro-chet) se rabatte contre la paroi de la sacoche, cela n’a pas empêché dans certains cas que mes chaussettes en laine viennent s’y accrocher : pas bon ça ! Évidemment j’ai pris garde par la suite à ne pas placer de textiles fragiles à cet endroit ; mais je suggérerais pour la prochaine mise à jour du modèle d’ajouter contre la paroi interne une mince bande de velours à laquelle fixer la partie crochet du rabat quand celui-ci ne sert pas. (D’ailleurs, je suggérerais même de laisser tomber ce séparateur, parce que je ne vois vraiment pas ce qu’il apporte, en tout cas sur cette taille M.)

Je trouvais intéressant de disposer d’une poche plate sur la face arrière de la sacoche. En fin de compte elle ne m’a pas servi non plus. Il y aurait peut-être des grammes à gagner par ici, et des risques de défaillance à réduire.

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Capacité, accessibilité

Les dimensions de la sacoche permettent d’y faire entrer pas mal de choses différentes. À l’exception de mon matériel de couchage, j’aurais pu choisir d’y stocker à peu près n’importe quelle pièce de mon équipement.
Étant donné l’étanchéité du tissu (j’y reviendrai) et la facilité d’accès au contenu, j’ai conservé en partie haute de petits objets que j’aime à garder sous le coude : gants, chaussettes et cache-col, lampe frontale, sac de courses, etc. (Et même quelques affaires de pluie, que je veillais à faire sécher avant de les remettre à l’intérieur.) Dans la partie basse j’ai placé ma trousse à outils, pour que son poids contribue à la stabilité du vélo.
Certains préfèrent mettre les courses dans leur sacoche de cadre (surtout en mode bikepacking, où les autres sacoches sont moins pratiques) ; d’autres y concentrent le plus lourd de leur équipement ; on peut aussi y placer des systèmes d’hydratation (une sortie de tuyau est prévue à cet effet) ; etc.

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Même avec les 7,5 litres qu’offre la taille M, je n’ai pas pu réunir dans ces deux poches tout le matériel qui me sert régulièrement sur la route (il faut dire qu’en général à vélo on a toujours besoin de tout ce qu’on emporte !). Mais en établissant quelques priorités, on arrive à conserver à portée de main une belle panoplie de choses utiles. Dans certains cas, on peut même attraper du petit matériel en continuant à rouler.

Fiabilité

Avec les pistes andines pour terrain d’essai et une saison sèche particulièrement arrosée, mon voyage de cet été m’a fourni l’occasion de tester la sacoche dans des conditions révélatrices.

Robustesse

Il est certain que les chemins de terre sont pour le matériel une toute autre épreuve que le tarmac. Cet été par exemple, une folle descente m’a valu l’arrachage d’un rail à l’arrière d’une sacoche de porte-bagages.
Rien à déplorer en revanche sur le Full Frame Bag. Les bandes velcro (qui sont sans doute les plus soumises aux forces d’arrachement) n’ont pas bronché : non seulement elles ne se sont pas dégrafées (ça je ne suis pas très surpris), mais leurs coutures ont parfaitement tenu le coup, tandis que je rencontre des problèmes de ce côté-là avec mes sacoches fabriquées-maison. (Je prends bonne note de la technique d’assemblage de Restrap, pour une prochaine sacoche DIY !)
Les autres points de fixation n’ont pas moins bien tenu, ni d’ailleurs aucune couture.  Vraiment, tout ça est très bien assemblé.

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Côté textiles ça tient plutôt bien également. Je ne me suis pas amusé à lacérer volontairement la sacoche, mais les aléas du voyage n’ont engendré aucune déchirure sur les faces exposées. (Or on sait qu’en voyage les aléas sont nombreux !)
En fin de compte c’est sur la tranche (une partie sensée être protégée par le cadre) que j’ai rencontré un problème. Car le frottement du tissu contre les œillets de porte-bidon a fini par percer deux petits trous dans le compartiment inférieur. En un sens, j’estime que c’est un peu de ma faute. Les vis de mon Big Bro ont une tête assez bombée ; j’aurais pu prévenir le risque d’abrasion en les remplaçant par d’autres vis au profil plus doux. Mais dans la mesure où ce cas de figure peut potentiellement se présenter avec beaucoup de vélos, il aurait peut-être été judicieux de la part du fabricant de prévoir sur cette face un matériau plus résistant. (Peut-être l’Hypalon déjà employé sur d’autres produits Restrap.)
Allez, un bout de scotch pare-pluie et on n’en parle plus !

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Sur un autre registre de solidité, notons que j’ai bourré la sacoche parfois à la limite du raisonnable. Au point d’avoir du mal à la refermer. (En temps normal je ne soumets pas mon matériel à un pareil traitement, mais ici après tout il s’agissait de voir de quoi il était capable !) Malgré ce manque de soin je n’ai décelé à l’issue de mon test aucun signe d’usure, ni de la fermeture éclair ni des coutures. C’est du costaud !

D’un point de vue esthétique, la sacoche ne paraît déjà plus très neuve (les rayons du soleil en particulier on fait tourner le noir au gris), mais elle présente encore convenablement après un rapide lavage au savon. Ironiquement, c’est le textile du compartiment bas, sensé être le plus facile à nettoyer, qui est en fin de compte le plus marqué par les salissures…
Signalons par ailleurs que les fixations n’ont engendré aucune trace de frottement sur le cadre, ni au niveau des velcros (dont la sous-face semble particulièrement peu abrasive), ni au niveau des sangles et de leurs boucles en plastique (qui auraient pu être plus problématiques).

Étanchéité

Par précaution, je n’ai pas tout de suite osé mettre dans la sacoche du matériel craignant trop l’humidité. Rappelons que même la nuit une sacoche de cadre reste exposée aux intempéries (puisqu’on la laisse normalement sur le vélo). Après deux semaines de vilain temps cependant, c’est finalement là que j’ai préféré transposer du petit matériel électronique habituellement contenu dans ma sacoche top tube, quand la pluie venait à tomber trop drue ou trop longuement.
Une fois seulement, après avoir abondamment rincé mon vélo boueux, j’ai constaté que de l’humidité avait pénétré. C’était dans le compartiment où étaient apparus les deux petits trous que je mentionnais ci-dessus. L’eau aura-t-elle pénétré à cause de ces percements ou du fait d’un défaut d’étanchéité plus général ? Je ne saurais pas dire… Mais vraiment ce jour-là la pluie et moi-même avions déversé d’énormes quantités d’eau sur la sacoche.

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Paradoxalement, j’ai parfois presque regretté qu’elle ne soit pas moins étanche. (Si si !) Une sacoche de cadre, de par sa grande accessibilité, me semble un emplacement de choix pour garder à portée de main ses affaires de pluie. Mais une fois qu’elles ont servi, il n’est pas très judicieux de les remettre immédiatement dans la sacoche. Car il en va des sacoches comme des chaussures : plus elles sont étanches, moins elles sèchent ! En ce sens les sacoches fabriquées maison dont je dispose, faites d’un tissu plus perméable, ont l’atout de ne pas conserver l’humidité qui y pénètre.
Serait-il judicieux de prévoir un compartiment bien étanche et un autre plus respirant ? Ça reste à voir…

Longévité

Le seul critère de fiabilité que mes péripéties de l’été ne m’ont pas permis d’évaluer, c’est celui du long terme. Sur cinq semaines de route et quelques sorties autour de chez moi, la sacoche a plutôt bien tenu. Mais qu’en sera-t-il de l’étanchéité après des mois ou des années d’exposition aux rayonnements solaires ? Combien de temps avant que les fermetures éclair ne lâchent (ça finit toujours comme ça) ? Combien de secousses avant qu’une couture ne se défasse, que la toile ne craque ?
Impossible pour moi de répondre concrètement à toutes ces questions, mais il me semble assez clair que tout ça durera aussi longtemps qu’une sacoche de cadre peut durer. Les matériaux retenus et la qualité de fabrication sont parmi ce qui se fait de mieux. Je ne vois pas de raisons sur ce plan de s’orienter vers un produit concurrent.
Un compère cyclo-voyageur rencontré en Équateur roulait quant à lui depuis huit mois avec une sacoche Restrap Frame Bag (un modèle demi-cadre de la même série). La sacoche semblait tenir toujours aussi bien le coup, mais avoir perdu une partie de son imperméabilité. Voilà donc peut-être le principal point sur lequel Restrap pourrait perfectionner la durabilité, par ailleurs plutôt convaincante.

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Investissement

Malgré les qualités énoncées ci-dessus (et considérant quelques faiblesses aussi) il faut reconnaître que débourser 132 à 156€ selon la taille, pour une capacité de 6 à 9 litres seulement, ça peut être une pilule difficile à avaler.
Peut-être avant de s’orienter vers un tel choix peut-on vérifier si un autre type de sacoche avec un meilleur rapport coût/volume pourrait faire l’affaire.

Mais si c’est bien d’une sacoche de cadre dont on a besoin (parce que le volume convient, parce que les ouvertures sont faciles, parce qu’on cherche à optimiser le poids, ou l’encombrement, ou la stabilité…), alors le modèle de Restrap se positionne finalement au plus bas en termes de prix, comparé aux offres des marques concurrentes (qui ne sont pas si nombreuses à proposer des sacoches plein-cadre). Seul Decathlon avance à ma connaissance une alternative plus économique, pour un produit assez différent cependant (et une éthique plus discutable).

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Pour m’être déjà confectionné des sacoches moi-même (enfin c’était ma maman !), j’ai une idée des défis de conception, du coût des matériaux, et surtout du temps de travail que ça représente. Sous tous ces rapports je suis convaincu que le tarif affiché par Restrap, pour une fabrication au Royaume-Uni, est un juste prix.

Bilan

Très clairement, la sacoche plein cadre de Restrap m’est apparue comme un équipement brillamment conçu et réalisé.

Sa forme et son système de fixation m’ont permis de l’ajuster idéalement à mon vélo. Son compartimentage et ses deux ouvertures m’ont fourni un accès rapide à du matériel que je passe mon temps à sortir et re-rentrer. Malgré quelques défaillances secondaires, elle s’est montrée robuste dans les cahots des pistes Équatoriennes, et a constitué un abri étanche pour mon matériel. Si je devais repartir pour un deuxième tour dans les mêmes conditions, je ne doute pas qu’elle remplirait tout aussi bien son office, et serait encore capable de bien davantage avant qu’il ne soit temps de la mettre en retraite.

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Plus de documentation dans mon précédent billet, et sur restrap.com.

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