Après un Tour de France Alternatif, après mille bornes d’une traite pour l’Ukraine, Lachlan Morton se lance sur la Tour Divide… en définissant sa propre éthique.
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Bien que ne traitant généralement pas des défis sportifs sur ce site, Lachlan me donne chaque fois envie de faire une exception !
La Tour Divide est sans doute la course la plus emblématique de l’ultra-trail à vélo, et l’une des plus éprouvantes – de par sa longueur. Depuis Banff au Canada jusqu’à la frontière mexicaine, elle traverse les États-Unis en suivant un parcours de 4400 Km le long des Rocheuses, sur chemins de terre.
“Dès que j’ai commencé à m’intéresser au bikepacking, cette route a figuré sur la liste des itinéraires que je voulais faire un jour” explique Lachlan.
Les plus rapides couvrent toute cette distance en moins de quinze jours… et c’est un peu le problème.
Le sport de compétition a atteint de tels niveaux aujourd’hui que les athlètes poussent leurs corps à leurs limites, et parfois au-delà… Les blessures, les accidents, les dépressions se font de plus en plus nombreux. À haut niveau (et plus encore pour les novices qui voudraient imiter les pros), on pourrait estimer que le sport est paradoxalement devenu dangereux pour la santé.
Dans le domaines des courses d’endurance à vélo, c’est la question du sommeil qui devient particulièrement préoccupante. Pour se démarquer de leurs concurrents, les meilleurs athlètes dorment généralement moins de 4h par nuit. Le Français Sofiane Sehili, qui domine la discipline depuis plusieurs années, doit notamment sa force à sa capacité de résistance à la fatigue. Sur chaque course ou presque il pédale plusieurs jours de rang sans prendre aucun repos.
Mais les meilleurs coureurs eux-même soulignent comme la privation de sommeil est une douleur, et des voix s’élèvent contre sa dangerosité. Les effets de long terme sur l’organisme sont encore mal connus, et les risques d’accidents sont considérablement accrus par la perte d’attention et de réflexes.
Se priver de sommeil peut être dangereux. Je trouve qu’il est presque impossible de ne pas dormir sur le plan physique et mental, et franchement, je ne trouve pas ça amusant.
Je n’aime vraiment pas repousser les limites du sommeil. Qui sait quels sont les effets à long terme sur mon cerveau.
James Hayden, champion d’ultra-endurance à vélo
C’est pourquoi Lachlan Morton a décidé de se lancer sur ce contre-la-montre individuel en s’imposant un rythme de sommeil : au moins 12 heures toutes les 48 heures. Il ajoute que dans des conditions idéales, il se serait arrêté pendant six heures chaque nuit, mais il a besoin de la flexibilité de rouler plus longtemps pour arriver à une chambre d’hôtel ou à un emplacement de camping adéquat, ce qui peut signifier pousser plus loin.
“J’ai fait quelques ultras maintenant, et toutes ont impliqué une bonne dose de privation de sommeil pour essayer d’aller vite. La dernière que j’ai faite était le Colorado Trail, à peu près à la même période l’année dernière. J’ai aimé cette expérience, mais pour l’effort final j’étais pas mal en privation de sommeil et je n’ai pas profité. J’ai réalisé que je ne voulais pas refaire ça.”
Difficile dans ces conditions d’égaler le record de 13 jours, 22 heures et 51 minutes, imbattu depuis sept ans. Mais fort d’un repos plus conséquent, Lachlan espère finir en “deux semaines environ, peut-être plus”. (Ce qui n’exclut donc pas d’établir une nouvelle référence.) Mais il insiste :
“Je veux le faire en ayant une assez bonne quantité de sommeil chaque nuit pour plusieurs raisons.
La première : je veux profiter de la route, et il devient de plus en plus difficile d'apprécier ce que vous faites quand vous tournez avec très peu de sommeil – en tout cas pour moi – car vous n’êtes pas aussi présent et conscient. Je ne veux pas entrer dans cet état-là.
Et puis juste pour la sécurité ! Je pense que votre prise de décision et votre conscience générale sont considérablement diminuées si vous fonctionnez avec très peu de sommeil. Je n'ai encore jamais parcouru cette route. C'est un grand défi, et essayer de faire tout ça tout en étant en manque de sommeil, je crois que ce serait un peu trop imprudent pour moi.
Mais j'aime toujours pousser sur de longues distances et avaler des kilomètres, donc je vais essayer, pendant que je roule, de couvrir autant de distance que possible et de le faire dans un laps de temps aussi court que possible, sans me priver de dormir.”
On voudrait que ces valeurs soient plus présentes dans le sport de haut niveau.
Comme à l’occasion de ses dernières prouesses relatées sur ce site, Lachlan souhaite mettre à profit la médiatisation de sa performance pour récolter des fonds pour une œuvre caritative. Ses expériences précédentes lui ont permis de récolter plus d’un million de dollars pour diverses organisations.
Cette fois les dons iront à Adventure For All, qui soutient la pratique des défis de plein air pour des personnes atteintes de déficiences ou de troubles intellectuels. Les dons sont récoltés sur le site de Adventure For All.
Dans ce cadre, il sera suivi lors de sa course par une équipe de médias. Or cela aussi soulève une problématique éthique propre aux courses d’endurances.
Car le règlement officiel de la Tour Divide interdit tout soutien extérieur, y compris psychologique. En conséquence, il n’est pas permis aux coureurs de recevoir la visite de proches ou autres connaissances sur l’épreuve. Le suivi par une équipe de médias propre à un coureur a déjà fait grand débat par le passé, et il est dorénavant admis comme motif de disqualification.
En conséquence, même si Lachlan venait à battre le meilleurs temps enregistré jusqu’ici, son record ne pourrait être homologué. C’est quelque chose à quoi il a déjà été confronté sur une autre course, et qu’il est prêt à assumer.
Qu’est-ce qui compte et qu’est-ce qui ne compte pas ? Pour ce qui est de savoir si le record du Colorado Trail m’appartient, je sais comment je l’ai abordé, la manière dont je l’ai fait, et l’expérience que j’ai eue ; et c’est ce que je recherche. Il ne s’agit pas de savoir si un record sera battu. Il s’agit de voir à quelle vitesse je peux le faire d’une manière mentalement et physiquement durable, et les gens peuvent décider. Je ne m’en préoccupe pas tant que ça.
Lachlan a pris le départ mardi 29 août vers 15h (heure locale). Tous les quelques jours, je traduirai ci-dessous les nouvelles transmises par les organisateurs de l’événement.
Si la carte ne s’affiche pas, vous pouvez essayer de vous rendre directement sur followmychallenge.com
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12 jours, 12 heures, 21 minutes.
12:12:21. 4 296 kilomètres parcourus. 58 521 mètres gravis. Deux pays visités. Cinq États et une province traversés. Quatre tempêtes endurées. Des chevaux sauvages, des loups, des élans, des orignaux, des cerfs, des aigles, des antilopes, des chinchillas et des coyotes. Des quantités inconnues de barres de chocolat et de gallons de lait consommés.
Lachlan a déclipé ses pédales à la frontière américano-mexicaine à Antelope Wells à 21 h 24, heure locale. 12 jours, 12 heures et 21 minutes, c'était son temps. Son parcours du Canada au Mexique le long de la Divide sera longuement évoqué. Cependant, battre un record n'a jamais le but.
Lachlan voulait vivre ce long tracé d'une manière mentalement et physiquement durable, du moins pour lui. Il a enchaîné d'énormes journées en selle, mais il s'est aussi arrêté pour dormir et se reposer pendant 12 heures toutes les 48 heures. Il était curieux de savoir à quelle vitesse il pourrait aller comm ça. Maintenant, nous savons : Vite !
Merci à ceux qui ont encouragé et aidé Lachy en chemin lorsqu'il est passé à travers les villes. Et merci à ceux qui ont fait des dons à Adventure for All - nous avons collecté 20 050 $, et vous pouvez toujours contribuer.
On reviendra abondamment sur cette épopée sous la forme d'un film complet avec Thereabouts, alors restez à l'écoute. Merci d'avoir suivi le point sur la carte. Nous espérons que l'expérience de Lachlan vous inspirera à explorer le monde à deux roues.
Il est temps de souffler maintenant !
Vélo à trois vitesses et festival de tarte
Lachlan a été récompensé pour son départ matinal par un lever de soleil majestueux alors qu'il traversait Dinétah (terre Navajo hors réserve). Parfois, se lever tôt a ses avantages.
Tout au long de sa Tour Divide, il a été accueilli par de nombreux supporters. Ils l'ont encouragé depuis le bord des routes et se sont joints à lui pour quelques kilomètres à vélo. Mais au Nouveau-Mexique, il a été accueilli par des gens qui lui ont apporté de la nourriture en plus de leurs grands sourires.
"La nourriture, c'est ainsi que nous montrons notre amour ici au Nouveau-Mexique", a déclaré Vanessa, une supportrice, qui a rencontré Lachlan près du Pueblo d'Acoma et qui lui a apporté du jerky de bœuf au piment vert.
Aujourd'hui, Lachlan est passé au vélo triple-vitesse ! Il a passé ses vitesses en utilisant un rayon enfoncé dans le dérailleur. Il doit s'arrêter pour changer de vitesse, mais c'est mieux que de faire du zigzag lorsque la route grimpe.
À mesure que les kilomètres défilaient, les pensées de Lachlan se sont tournées vers les 386 kilomètres de sentier entre Grants et Silver City où la nourriture et l'eau allaient être difficiles à trouver.
Après avoir rempli toutes ses sacoches avec autant de barres chocolatées que possible et s'être approvisionné en eau, Lachy a quitté Grants.
Comme une oasis dans le désert, Pie Town, au Nouveau-Mexique, est apparue tel un mirage par une chaude après-midi. La petite ville de 186 habitants était étonnamment animée cet après-midi-là, car le festival annuel de la tarte avait lieu - un festival qui attire 5000 amateurs de tarte dans ses rues.
Alors qu'il avançait sur le parcours, un supporter lui a fait signe de s'arrêter et l'a invité dans une maison qui servait de campement improvisé. Depuis 1985, la maison sert de poste avancé informel à la fois pour les randonneurs et les bikepackers qui parcourent la Continental Divide – un endroit où dormir, se ravitailler en eau et rencontrer d'autres voyageurs. Le propriétaire de la maison a accueilli Lachy dans la cuisine et lui a servi un bol de spaghetti. Il préparait le dîner pour sa famille qui était venue pour le festival de la tarte et pour le mémorial de son ex-femme ce week-end-là.
L'homme a parlé de l'histoire de cet itinéraire, de la vie à Pie Town et de pourquoi il aime avoir les voyageurs séjourner chez lui.
"Chaque année, des gens bizarres qui courent la Divide passent devant cette maison", a déclaré l'homme à Lachlan. "En général ils ne s'arrêtent pas."
Lachlan a remercié l'homme pour son hospitalité et s'est éloigné dans le lointain. Il ne sait pas où il s'arrêtera ce soir. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il se rapproche de la frontière. Plus que 340 kilomètres à parcourir.
Brûle tes soucis
Après être parti à 23h30 hier soir, Lachlan a profité d'une matinée tranquille et paisible sur les pistes. Armé de chauffe-mains qu'il a achetés au magasin de camping, Lachlan a également pu profiter d'une matinée plus chaude en traversant la frontière du Nouveau-Mexique.
Après avoir traversé la forêt nationale de Carson, Lachlan a été accueilli par un chauffeur de camion laitier qui faisait sa tournée à Abiquiu, au Nouveau-Mexique, et qui était également un fan de cyclisme. Comme s'il s'agissait d'une zone de ravitaillement du WorldTour, le chauffeur a tendu une bouteille de lait chocolaté à Lachlan pour qu'il l'attrape en roulant. Mais ce n'est pas une course du WorldTour et Lachlan s'est arrêté pour en profiter sur le bord de la route après avoir roulé douze heures avant midi.
Il y a tellement de choses à craindre lors d'une longue course comme la Tour Divide – les ours, les incendies, l'eau, les pannes mécaniques... la liste est longue. En général, Lachlan s’efforce de ne pas y penser, pour ne pas perdre la boule.
Mais aujourd'hui, l'une de ces inquiétudes est devenue réalité lorsque le dérailleur de Lachy a cessé de fonctionner à mi-chemin de la montée de 32 kilomètres à Abiquiu. Pour le reste de la journée, le dérailleur s'allumait et s'éteignait de manière aléatoire, rendant la progression difficile, lente et frustrante.
"Je l'ai frappé aussi fort que je pouvais et ensuite il s'est remis à fonctionner", a-t-il dit après la dernière montée de la journée. Mais cinq minutes plus tard, il était à nouveau en panne et Lachlan a dû s'arrêter sur le bord de la route pour essayer de forcer le dérailleur à passer sur un rapport utilisable.
Alors qu'il descendait à Cuba, au Nouveau-Mexique, Lachlan est passé devant l'église de la ville où une grande foule avait commencé à se rassembler. Ils étaient en train de construire un feu de joie pour célébrer le début des Fêtes de Cuba.
"Chaque année, nous faisons ce feu pour que nos voisins puissent venir y mettre leurs soucis et les brûler ensuite", a déclaré l'un des habitants de la ville.
La journée de demain sera longue, que les dérailleurs de Lachlan fonctionnent ou non. Espérons qu'il ait également laissé ses soucis dans le feu.
Fais un vœu
"J'ai dormi la tête hors du bivy", a dit Lachlan. "C'est fou combien d'étoiles filantes on voit."
Après avoir dormi "dans" son bivy la nuit dernière, Lachlan est reparti pour une autre matinée de route dans l'obscurité. Il faisait froid au premier col de la journée pour Lachlan. Son eau s'est transformée en glace et ses doigts ont gelé au point où il n'a retrouvé leur sensation que dans la soirée. Quelques heures plus tard, Lachlan roulait sous un soleil brûlant, sans abri contre ses rayons.
Aujourd'hui, il a atteint le point le plus élevé de la Divide Tour - Indiana Pass - qui culmine à 3 630 mètres d'altitude. Le vent au sommet a apporté avec lui de la fumée provenant des incendies de forêt de Pagosa Springs à proximité. Ne sachant pas d'où venait la fumée, Lachy est a attaqué la descente un peu inquiet de la perspective de nouvelles routes fermées devant lui.
Après être descendu en dessous de la brume, il a trouvé refuge dans une cabane au Skyline Lodge de Platoro, Colorado, une ville saisonnière qui accueille principalement des chasseurs, des pêcheurs et des cyclistes parcourant la Divide. Il a appelé tôt avec l'intention de repartir à 11h30 ce soir. Cela devrait lui permettre de parcourir pas mal de kilomètres avant que le soleil ne se lève à nouveau et que la journée ne devienne trop chaude.
Au cours des prochains jours, Lachlan traversera des terrains reculés du Nouveau-Mexique où les options de ravitaillement en eau seront limitées. La météo sera impitoyable et le terrain difficile alors qu'il fera la dernière poussée vers la frontière. Il faudra une planification minutieuse pour bien s'en tirer.
Nous ne pouvons qu'imaginer que Lachlan souhaite de nombreuses choses. Il souhaite que ses maux de selle disparaissent, que son pied de tranchée s'améliore, il souhaite retrouver son propre lit, partager un repas chaud avec sa famille. Il lui reste environ 1 125 kilomètres à parcourir dans cette aventure. Allez Lachy !
De retour sur des routes familières
Même s'il n'a pas grandi au Colorado, Lachlan connaît les routes et les sentiers du Colorado mieux que personne. Il a passé d'innombrables heures à explorer chaque coin de l'État, à la fois en tant que junior courant aux États-Unis et en tant que professionnel. Être de retour sur des routes familières lui apportait du réconfort.
La première montée de la journée l'a mené à Boreas Pass, juste devant la station de ski de Breckenridge. Au sommet, Lachlan a été acclamé par de nombreux fans et amis, y compris les organisateurs de la Breck Epic qu'il avait remportée quelques semaines plus tôt.
Lachlan s'est réveillé en ressentant les efforts de la veille. Après un départ à 7 heures du matin - un départ tardif selon ses normes - Lachlan a laissé à ses jambes le temps de se réchauffer et de se réhabituer à la route. Heureusement, il a été rejoint par quelques supporters sur la route, ce qui l'a aidé à ne pas trop penser à ses jambes. Il a également apprécié la compagnie après une semaine de route en solitaire.
"On se rend compte de tout ce qu'on a traversé quand on raconte aux autres son expérience sur la Divide", a dit Lachlan.
Après avoir englouti une assiette de frites et un grand milkshake à la vanille à Hartsel, Lachlan est reparti. À mesure qu'il avançait vers le sud, le soleil et la chaleur se sont intensifiés. Lachlan avait perdu ses lunettes lors de la tempête au Wyoming, ce qui signifiait qu'aujourd'hui il devait se contenter d'un t-shirt autour de la tête pour se protéger du soleil et de la poussière soulevée par le vent de face qu'il a dû affronter toute la journée.
Demain, Lachlan roulera jusqu'au Nouveau-Mexique, l'État final de sa Divide Tour. Il a actuellement 15 heures d'avance sur le record. Le jeu continue.
“Hey Colorado, it was not so long ago” (Linda Ronstadt)
Départ à 3h40. Lachlan pouvait sentir le Colorado et un temps plus clément.
Il est difficile de se rendre compte à quelle vitesse avance Lachlan.
Les conditions sont loin d'être idéales. Hier, le vent hurlait et la pluie ne s'arrêtait pas de tomber. Lachlan a retiré ses multiples couches et s'est déshabillé jusqu'aux manches courtes. C'est dire s'il poussait ! Les prolongateurs triathlon dans les montées, nez dans le guidon dans les descentes.
Lachlan a dépassé la moitié du parcours et a environ 15 heures d'avance sur le record.
"C'est comme des vacances par rapport aux deux derniers jours", a déclaré Lachlan. "Je roule juste pénard" !
Après 300 Km et un peu plus de 80 restants, Lachlan se sentait en pleine forme. Chantant dans les montées et poussant le rythme en danseuse, il était en mission.
Après une courte halte pour réviser son vélo chez Orange Peel Bicycle Service dans le centre-ville de Steamboat, au Colorado, Lachlan s'est mis en route avec pour objectif Silverthorne.
En remontant le Corduroy Canyon qui surplombe le fleuve Colorado, il a été accueilli par sa mère et ses deux lévriers italiens qui avaient fait le voyage depuis Boulder. Les batteries sont chargées. Il poursuit sa route dans la nuit.
"Combien de vestes Rapha me faudra-t-il pour me réchauffer ?" demande Lachlan. "Question piège, il n'y en aura jamais assez."
Le froid était mordant alors que Lachlan approchait d'Atlantic City, Wyoming. Les voitures qui le croisaient lui demandaient s'il allait bien, car ils ne pensaient pas que quelqu'un roulerait dans ces conditions. Lachlan les a rassurés par un salut de la main, mais dans son esprit, il avait des doutes. "J'aurais dû simplement laisser tomber."
Il s'est arrêté dans une aire de repos pour se réchauffer et réfléchir.
D'autres cyclistes l'avaient averti de la boue et du terrain difficile qui l'attendaient dans le Great Divide Basin. S'il continuait, il pourrait se retrouver à traverser l'une des boues les plus épaisses qu'il ait jamais rencontrées, mais il pourrait également continuer à creuser l'écart sur le record. S'il s'arrêtait, il perdrait des heures cruciales de route en plein jour, mais cela donnerait également le temps à la boue de sécher.
Il a persévéré. Lachlan a roulé droit vers Atlantic City, puis dans le Basin.
Alors qu'il franchissait les innombrables collines qui marquent le paysage, Lachlan continuait de pousser le rythme. Pressé de continuer et de se réchauffer. Mais la pluie, censée être passée depuis longtemps, a recommencé à tomber, et avec elle est venue la boue. Une boue épaisse. Une boue si épaisse qu'il devait s'arrêter toutes les dix à quinze secondes pour la gratter partout sur son vélo.
À mesure que les kilomètres s'accumulaient, le soleil a lentement commencé à percer et les sentiers ont commencé à sécher. Aujourd'hui, c'était le jour qu'il attendait le plus, mais au lieu de cela, il a passé la journée à souhaiter que tout soit fini. Mais à un moment donné, lorsque le soleil a fait une apparition, même Lachlan a pu en profiter un peu.
"Une sacrée journée !"
"Une sacrée journée !" s'est exclamé Lachlan alors qu'il roulait sous la pluie et le vent ce matin.
L'idée de Lachlan était de rouler jusqu'au Lava Mountain Lodge aujourd'hui, environ 246 kilomètres, mais après avoir mangé un mauvais burrito pour le dîner hier soir, ce qui a entraîné une matinée difficile et un estomac barbouillé, il n'était pas sûr de repartir aujourd'hui du tout. Mais, après un petit supplément de sommeil, il a décidé de tenter sa chance. Et c'est une sacrée chance qu'il l'ait fait.
Alors qu'il entrait dans le Wyoming, une pluie battante s'est abattue. Il s'est couvert et a continué. Son équipement était mouillé depuis une semaine de toute façon.
Passant par Yellowstone, traversant le parc national de Grand Teton, pataugeant dans une boue épaisse et grimpant jusqu'à 2 950 mètres d'altitude, Lachlan a continué à avancer. Il poussait le rythme, probablement pour se réchauffer, mais aussi parce qu'il avait un nouvel objectif. Il voulait parcourir 135 kilomètres supplémentaires jusqu'à Pinedale.
La poussée jusqu'à Pinedale aurait dû être assez simple. Mais, lors de dernière ascension de la journée, une tempête a envahi la vallée, rendant la montée finale longue, difficile et périlleuse. Trop gelé pour s'arrêter et se couvrir davantage, Lachlan a continué obstinément et a descendu la longue descente dans l'obscurité presque complète.
Maintenant à l'abri de la tempête, Lachlan a poussé fort sur les pédales, encore une fois pour se réchauffer, mais cette fois il pouvait voir les lumières de Pinedale scintiller au loin, et ça a été une motivation suffisante.
Après un dîner rapide à la station-service locale, Lachy a rincé son vélo et s'est enregistré au motel. Demain, Lachlan se permettra même le luxe de faire la grasse matinée. Il prévoit de reprendre la route vers 6 heures du matin.
Si vous ne le saviez pas déjà, Lachlan est notre super-héros !
“Blowin’ In The Wind” (Bob Dylan)
Des touffes d'herbe séchée défilaient dans la rue lorsque Lachlan est arrivé à Lima, Montana. Après avoir été guidé dans l'obscurité par la super lune la nuit dernière, Lachlan a bénéficié d'un vent de travers favorable qui l'a poussé en avant alors qu'il zigzaguait à travers les vastes prairies du Montana.
Jusqu'à présent, il a bénéficié d'une relative série de bonnes fortunes et roule actuellement avec 12 heures d’avance sur le record du parcours. La bonne fortune ne vous sourit pas toujours sur la Divide Tour, et Lachlan est déterminé à ne pas la considérer comme acquise.
La route a toujours le dernier mot.
À la poursuite de Bigfoot
Bien avant que l'itinéraire de la Divide Tour ne traverse Wise River, Montana, les chasseurs et les pêcheurs s'y rendaient pour échapper aux rues animées de Butte et à la poussière des mines de charbon. C'est également là que quelqu'un a aperçu le mythique Bigfoot.
Aujourd'hui, au Wise River Mercantile, vous pouvez acheter de la nourriture, de la bière, des mouches pour la pêche à la mouche, des aimants Bigfoot, et vous pouvez signer votre nom dans le livre des visiteurs de la Divide Tour.
Hier, Lachlan s'est aventuré à travers le pays de Bigfoot et est arrivé à Wise River juste après le coucher du soleil. Les récits de son arrivée se propageaient déjà en ville.
"Vous avez vu ce gars qui est passé ici en trombe ?" a dit l'employé du magasin.
Gérer ce problème d'estomac et une découverte surprenante.
Après une courte nuit hantée par la pensée du "labyrinthe des ours" dont d'autres cyclistes l'avaient averti qu'il avait devant lui, Lachlan est parti de Whitefish à la recherche du soleil et de la chaleur.
Après avoir gelé pendant 18 heures d'affilée, Lachlan se sentait meurtri et endolori pour la première fois depuis son départ de Banff. Néanmoins, Lachlan a rapidement franchi les deux premiers cols de la journée, puis est arrivé à Ovando, dans le Montana, pour son premier dîner.
Le dîner se composait d'une bière, d'un demi-gallon de lait, d'un paquet de biscuits et d'un pot entier de cornichons à l'aneth.
"Débrouille-toi avec ça, mon estomac", s'est exclamé Lachy avant de repartir pour Lincoln, dans le Montana, où il prévoyait de s'arrêter pour dormir ce soir.
Lachlan est arrivé à Lincoln alors que les derniers rayons de soleil illuminaient le ciel. Il est allé directement à la station-service la plus proche pour son deuxième dîner, puis est parti à la recherche d'une chambre pour la nuit. Après avoir essuyé un échec dans les seuls deux motels de la ville, Lachlan a dû se résoudre à camper dans un champ derrière le bar local. "Bienvenue aux cyclistes" était peint sur une plaque en contreplaqué à l'entrée du champ lorsque Lachlan a roulé son vélo jusqu'à son emplacement de campement.
"Je recommande de dormir avec son casque", a déclaré Lachlan. "J'ai découvert par accident que ça faisait un excellent oreiller."
Ce sera une nuit froide ici. Espérons que notre champion puisse dormir profondément avant de repartir à 3 heures du matin demain. Au moins, il pourra compter sur la super lune de ce soir pour éclairer son chemin.
Loups, chevaux sauvages et le jour le plus froid
Lachlan est parti de Fernie, en Colombie-Britannique, à 2 heures du matin, dans l'obscurité et sous une couverture de pluie - la première pluie que cette région a connue depuis des semaines. La pluie s'est avérée une bénédiction déguisée car elle a rendu praticable des terrains auparavant impraticables.
La nuit de route a été longue et difficile. La pluie a rendu le sentier boueux et le froid s'est installé dès le premier col. Lachlan a croisé une meute de loups, un troupeau de chevaux sauvages et un élan alors qu'il sortait du Canada, encouragé par du café instantané Tim Hortons.
"Franchement, je n'aurais pas continué à en boire s'il n'avait pas été 1 heure du matin. Ce truc était terrible", a déclaré Lachy.
Lachy a roulé 18 heures d'affilée. Il a traversé la frontière américaine et a continué à pousser, s'arrêtant seulement pour manger rapidement à Eureka.
La pluie n'a pas cessé un instant pour cette deuxième journée. Ce qui a commencé comme une fine bruine matinale s'est rapidement transformé en averses éparses alors qu'il grimpait les deux principaux cols de la journée dans le Montana, où il a même menacé de neiger.
"Je n'ai jamais eu aussi froid pendant si longtemps à vélo", a déclaré Lachy une fois arrivé à Whitefish, dans le Montana. "Mais je me sens super bien sur le vélo."
Après avoir dîné à la station-service locale, Lachy est retourné à l'hôtel et a pris une douche avec sa tenue toujours sur lui.
Demain, la tempête devrait passer et Lachy reprendra la route à 2 heures du matin.
Ainsi commence l'aventure.
Lachlan est parti de Banff, en Alberta (Canada), à 9 h 03, par une matinée froide mais ensoleillée dans les Rocheuses canadiennes. Il avait devant lui 2 100 miles de terrain parmi les plus accidentés et les plus sauvages du continent nord-américain. Mais Lachlan avait hâte d'y être.
"Je suis enthousiaste. Je suis vraiment excité", a déclaré Lachlan. "C'est évidemment très intimidant et je suis très nerveux, mais je pense que si vous ne l'étiez pas, ce serait idiot. J'ai hâte de prendre la route".
Son plan était de rouler jusqu'à Fernie, en Colombie-Britannique, à environ 249 kilomètres du parcours, et d'y faire sa première halte. Après avoir parcouru la première moitié du parcours, Lachlan a été contraint de contourner plusieurs fermetures de routes en raison d'incendies de forêt dans la région.
Lachlan est arrivé à Fernie vers 19 h 30, heure locale, et prévoit de repartir à 2 heures du matin pour une nouvelle poussée. Il devra contourner d'autres feux de forêt demain, ce qui perturbera ses projets, mais il sait que c'est la vie sur la Tour Divide.
